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Sybille de Bollardière

castrignano del capo

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Les Pouilles 2 Castrignano, le cimetière des oliviers

9 Septembre 2019, 12:41pm

Publié par Sybille de Bollardière

Castrignano del Capo
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Castrignano del Capo

Castrignano del Capo

le 6 septembre 2019

Je ne sais pourquoi mais, malgré le ciel bleu, les plages caribéennes et la gentillesse de ses habitants, le Salento me laissera le souvenir d'une indéfinissable tristesse. Surtout dans le sud, notre village d'adoption pour quelques jours, Castrignano del Capo. Ruelles désertes, rideaux des commerçants tirés et déjà poussiéreux, enseignes décolorées. Où sont-ils partis ? Il ne reste que les vieux qui tapent le carton sous notre fenêtre, chaque soir de 18 heures à 20 heures. Tout commence par une petite bière et le ton monte jusqu'au dernier round et c'est l'heure du dîner qui l'emporte. Chacun range sa chaise de plastique blanc à l'intérieur du local, les derniers emportent les tables et le rideau tombe. Il fait déjà nuit. On n'entendra plus dans les ruelles du village que le son de quelques scooters, le miaulement des chats et de rares voitures. Nous allons dîner dans la cour d'un pallazzo, ancienne construction normande où l'on sert la cuisine locale et un rosato aussi coloré que les nôtres sont maintenant le plus souvent pâles et insipides.

Je suis venue chercher une saison ici, celle de l'eau chaude, du soleil et des cafés en terrasse mais il manque à tout cela la joie de vivre, la mienne, celle que j'ai perdue. La tristesse du Salento c'est la mienne, je l'ai reconnue et dans le miroir des plaines desséchées je me fais penser au héros de Guiseppe Tomasi de Lampedusa, "le guépard". "Il voulait ramasser petit à petit hors de l'immense tas de cendres du passif les paillettes d'or des moments heureux."

Les Pouilles m'apparaissent comme le souvenir de ce qu'elles ont été tout comme je me promène avec le fantôme de ce qui n'existe plus. Le passé me manque, je lui appartiens encore. Entre Lecce et le cap, nous avons longé des kilomètres d'anciennes plantations d'oliviers, des terres sèches et désertes où le moindre tracteur allumait des brasier de poussière rouge. Parfois, les arbres ne sont plus que des troncs sur la terre à nu, les stèles de bois d'un immense cimetière d'oliviers, les tombes d'un passé que je suis venue oublier. 

Journal d'Italie
Les Pouilles 2019

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