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Sybille de Bollardière

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Les Pouilles 7, San Vito, l'envers du décor

11 Septembre 2019, 08:00am

Publié par Sybille de Bollardière

San Vito jour de vent
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San Vito jour de vent

San Vito jour de vent

9 septembre, Conversano et San vito

Parfois ici comme ailleurs, tout est gris et celui qui le traverse aussi. Le décor se fissure et je découvre la région sous un autre angle. Il suffit d'un rien, d'une erreur de route ou tout simplement d'arriver un peu trop tard sur la plage. Septembre change la donne avec de grands bancs de nuages qui donnent à la mer des teintes de fin de saison. Oui, même ici au sud, la seule saison du bleu c'est celle du soleil. Ainsi San Vito, situé près de la belle Polignano a Mare, si lumineux et festif hier, n'est plus qu'un banal village de pêcheurs plutôt caillouteux et pour couronner le tout, une méduse s'est installée sur le rivage. Pour peu qu'elle soit en famille, je préfère renoncer au bain.

A la recherche d'une hypothétique plage accueillante à défaut d'un bar avec vue, nous roulons vers Mola de Bari tout en cherchant la route du retour vers Conversano et soudain, tout devient obscur comme éclairé par un soleil noir. L'Italie a un talent particulier pour la laideur, parfois comme à la grande époque de son cinéma, elle la magnifie mais ce n'est pas le cas ici. Ruelles sales et taggées, immeubles gris et décrépis plus proches de l'architecture des banlieues roumaines que du décor de la « dolce vita ». Nous découvrons qu'en dehors des centres historiques particulièrement choyés et entretenus, que ce soit à Mola di Bari, Conversano, Monopoli ou même Polignano, les constructions modernes sont affligeantes. Balcons énormes, fils électriques pendant devant le décor, exiguité des rues et pas un arbre, pas une place ni un banc. Des rues à angles droits au maillage serré, des carrefours, des sens uniques et une armée de pancartes pour remettre le conducteur dans le droit chemin. Une fois traversé la superstrada qui borde la côte, la situation n'est pas plus brillante. Une campagne laborieuse efficace et domestiquée s'étale sur des kilomètres. Un paysage de vignes bâchées à perte de vue. L'Italie a choisi l'industrialisation d'une culture millénaire pour garder la tête hors de l'eau et protéger ses vignes des intempéries... On ne peut l'en blâmer, mes regrets aussi sont d'un autre temps et demain, San Vito sera aussi beau qu'il l'était hier.

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Les Pouilles 2019
San Vito sous le soleil
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Les Pouilles 6, Lecce un bijou jaune et noir

10 Septembre 2019, 14:26pm

Publié par Sybille de Bollardière

LecceLecce
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Lecce

7 septembre

Santa Maria di Leuca

Après une journée à Lecce, écrire au bord de l'eau, au confluent des eaux ioniennes et adriatiques, le plus profond bonheur imaginable. Écrire pour soi, tacher les pages du cahier au gré de l'encre et des embruns, se moquer éperdument de tout ce qui n'est pas « encre », sang noir de mon crane qui se délivre face au bleu. Oublier les livres et jusqu'à l'idée d'un livre, se contenter de laisser la trace des journées d'ici. Lecce, une ville massive, lourde, on dit "baroque", on dit aussi « La Florence du sud ». Pour moi Lecce est une perle ocre et noire sur l'océan des anciennes terres d'oliviers, une ville mille feuilles aussi belle que ténébreuse et peut-être plus encore. Dès la piazza Sant'Oronto, le ton est donné : un amphithéâtre romain, ses gradins intacts tout comme la porte par où ont dû pénétrer fauves et lutteurs. Lecce vénéneuse en ce jour d'orage où le ciel se déverse sans ménagement sur les dalles glissantes des ruelles, où le ciel noir traversé d'éclairs se déchire en bleu pour reprendre très vite sa teinte de ténèbres. Nous avons remonté trempés, la Via del palazzo del Conti di Lecce, longé les murs terre de sienne où des coulées noires nous invitaient à lever les yeux vers les balcons incroyablement ornés et sculptés de ces demeures patriciennes.

Par ce qu'il pleuvait encore, nous avons cherché la via Asciano Grandi et l'incroyable musée Faggiano. Un petit miracle archéologique qui commence par une banale histoire d'humidité. Je vous laisse découvrir le musée sur son site : http://www.museofaggiano.it

Je suis encore émue autant par cette visite, que par cette incroyable histoire. Dans les années 80, un homme, Faggiano (le père du guide qui me raconte l'histoire) achète cette maison de ville de Lecce pour en faire son habitation. Lors des travaux d'installation il remarque des problèmes d'humidité qui l'amène à découvrir le passé de cette étrange demeure qui remonte au moyen âge et fut tour à tour demeure patricienne et couvent...

J'ai pris un certain nombre de photos des lieux, notamment les céramiques très anciennes qui protégeaient les murs de l'humidité lors de la descente des eaux du toit ou celle plus troublante d'une tombe de nouveau né... Une tombe si petite qu'on ne pouvait y mettre qu'un enfant mort né ou un enfant qui n'avait pas à naître... et j'ai pensé aux mœurs de certains couvents que l'on commence à évoquer... La tombe se trouve entre deux portes, elle était invisible anonyme. C'est le côté vénéneux de Lecce car il est probable qu'une grande partie des maisons du centre historique ont des histoires semblables à révéler.

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Lecce, Pouilles, Italie
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Les Pouilles 5, Dernier soir au cap

9 Septembre 2019, 20:16pm

Publié par Sybille de Bollardière

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Les Pouilles 5, Dernier soir au cap

8 septembre Santa Maria

Dernière soirée face aux eaux mêlées des deux mers. Je ne parviens pas à quitter ce lieu, cette nostalgie qui se murmure au dessus d'un verre de spritz et que les rengaines italiennes n'en finissent pas de chanter sur les pontons de Leuca. La nuit tombe tôt, de plus en plus vite, le temps file comme une fin de saison comme l'amour vieux, celui que l'on n'attendait plus alors, on reste un peu plus tard on regarde la mer virer au violet, au gris. En robe de mousseline orange dont elle se défait rapidement sur la jetée, elle vient se baigner, seule dans l'eau grise du soir. C'est son habitude, ça se voit, elle est seule au monde et remarque à peine cet autre sexagénaire qui la salue d'un geste de main. Des habitués. Il fait doux et lui traîne sur son transat. Cheveux blancs, peau bronzé et « moule bite » rouge, il téléphone en se caressant le ventre. Sa femme, ses filles et ses petits enfants sont déjà remontés mais lui est bien, il est resté pour téléphoner. Il a l'air heureux, disert, la brise du soir ne le dérange plus. Au bout du fil quelqu'un qui l'aime, ça se voit.

Un bateau de pêche rentre au port, je finis mon verre de blanc et soupire en fermant le cahier. Le « moule bite rouge » s'est rhabillé et la femme a enfilé sa robe de mousseline orange. La terrasse se vide. Demain nous partons pour Polignano a Mare et la côte Adriatique.

 

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Les Pouilles 4, Lecce

9 Septembre 2019, 20:08pm

Publié par Sybille de Bollardière

Lecce, Pouilles, Italie
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7 septembre

Santa Maria di Leuca

Après une journée à Lecce, écrire au bord de l'eau, au confluent des eaux ioniennes et adriatiques le plus profond bonheur imaginable. Écrire pour soi, tacher les pages du cahier au gré de l'encre et des embruns, se moquer éperdument de tout ce qui n'est pas « encre », sang noir de mon crane qui se délivre face au bleu. Oublier les livres et jusqu'à l'idée d'un livre, se contenter de laisser la trace des journées d'ici. Lecce, une ville massive, lourde, on dit baroque on dit aussi « La Florence du sud » pour moi c'est une perle ocre et noire sur l'océan des anciennes terres d'oliviers, une ville mille feuille aussi belle que ténébreuse et peut-être plus encore. Dès la piazza Sant'Oronto le ton est donné : un amphithéâtre romain, ses gradins intacts tout comme la porte par où ont dû pénétrer fauves et lutteurs. Lecce vénéneuse en ce jour d'orage où le ciel se déverse sans ménagement sur les dalles glissantes des ruelles, où le ciel noir traversé d'éclair se déchire en bleu pour reprendre une teinte de ténèbres. Nous avons remonté trempés, la Via del palazzo del Conti di Lecce, longé les murs terre de sienne où des coulées noires nous invitaient à lever les yeux vers les balcons incroyablement et fastueusement ornés, sculptés.

Par ce qu'il pleuvait encore, nous avons cherché la via Asciano Grandi et l'incroyable musée Faggiano. Un petit miracle archéologique qui commence par une banale histoire d'humidité.Je vous laisse découvrir le musée sur son site : http://www.museofaggiano.it

Je suis encore émue autant par cette visite que par cette incroyable histoire. Dans les années 80, un homme, Faggiano (le père du guide qui me raconte l'histoire) achète cette maison de ville de Lecce pour en faire son habitation. Lors des travaux d'installation il remarque des problèmes d'humidité qui l'amène à découvrir le passé de cette étrange demeure qui remonte au moyen âge et fut tour à tour demeure patricienne et couvent...

J'ai pris un certain nombre de photos des lieux notamment les céramiques très

anciennes qui protégeaient les murs de l'humidité lors de la descente des eaux du toit ou celle plus troublante d'une tombe de nouveau né... Une tombe si petite qu'on ne pouvait y mettre qu'un enfant mort né ou un enfant qui n'avait pas à naître et j'ai pensé aux mœurs de certains couvents que l'on commence à évoquer... La tombe se trouve entre deux portes, elle était invisible anonyme. C'est le côté vénéneux de Lecce car il est probable qu'une grande partie des maisons du centre historique ont des histoires semblables à révéler.

 

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Les Pouilles 4, Lecce
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