De rien sinon de ce vent-là

Blog de Sybille de Bollardière
Rien n’est perdu
Tout est enfoui à fleur de terre
De mer, d’arbres ou de lisière
Dans des villes extasiées
Aux aubes imprécises
Sur des plaines éventées
Où je tisse en marchant
Des collines de nuages.
Rien n'est perdu
Tout est à oublier
J’ai choisi les vivants et la peine
Et plus encore
Ceux que je ne connais pas.
Dans mon brouillon de vie
L’inconnu me manquera toujours
Comme ces fleuves
Plus haut que mon souvenir
Les sources du Nil et du Congo
Les premiers pas de la Loire
Et tout ce que j’ignore.
Rien n’est perdu
Tout reste à découvrir
Vallées, rivages et plaines immenses
Chemins de fer taillés dans mon vertige
Et les mots pour le dire
La route des livres, une main
Un cœur libre
Et couché à mon côté
Le chien de mes peurs
J’ai besoin de temps.
Terres d'élection
Recueil de poèmes
Décembre 2017
La Passagère 7 €
Un jour de semaine sur la grève de mars.
Isolement au sein de l’éphémère, une plage après la marée.
Vent du sud et soleil blanc
le paysage s’offre des teintes de mine de plomb
une ardeur de juillet.
Lentement, la vague froisse le silence sous l’assaut bavard des goélands.
Mémoire de pierres
dressées face au flot
posées sur l’horizon comme les gisants d’un autre temps
elles m’ont connue à tous les âges, sous tous les vents.
Les yeux fermés, je dessine leurs courbes, leurs déchirures
j’inspecte leurs blessures, ces effondrements de la roches
et leurs plaies nouvelles béantes sous le soleil de mars.
Sur l’île au loin, la lande verte des dernières pluies d’hiver.