insomnie
Sur la façade décrépie je peux encore deviner les couleurs et ces trois personnages qui s’enchaînent comme les mots ou les moutons à venir : Dubo, Dubon, Dubonnet… Bonnet de nuit pour enfiler les boulevards… Bavarde, comme une pie à s’étrangler parfois -là, je triche - à pleurer souvent… Vent du désert sur mes souvenirs de guerre et d’amour… Mou et décadent comme rien, non je ne vois rien qui commence avec le mour d’amour si ce n’est mourir d’amour pour en finir… Finir le point d’ourlet par l’aller-retour de la machine comme ma mère et avant elle, ma grand-mère sur la vieille Singer… Singer la femme toujours pour mieux dissimuler la sauvage qui vit en moi… Moire de l’étoffe verte de son crucifix au-dessus de son lit, la fraîcheur du lin de ses draps… Drame de son absence chaque jour et particulièrement quand je ris… Rivières sous les ponts qui passent comme le temps, merveilleusement, non ce n’est pas tout à fait vrai… Vraiment c’est dur les cadeaux qui vous reviennent, ce tableau peint pour eux : un puit de Sologne sous la neige. Neige encore sur mes souvenirs de là-bas avec la poudre de sucre glace sur sa recette de gâteau à l’orange… "Range-moi ça dans l’armoire à confiture près de la pile des serviettes de … » Toilette dans sa salle de bain, Arpège de Lanvin, ses longs cheveux fins et bruns, son dos, ses seins, son âge… L’âge nous rapproche, nous réunit. Je souris de nous, d’elle l’aïeule et de moi aussi… Si près de ces instants partagés à l’abri du crépi doré des murs… Muris et repassés, nos souvenirs comme le linge d’antan sur nos tables de fête…
Faites que je lui ressemble encore…