Clichy mon amour !
J’ai vu Clichy et son métro.
Grimpé les marches et retrouvé la civilisation noyée dans les odeurs de kebab et de dissolvant.
J’ai vu Georges et son bar de la rue Marthe.
Père noël des alcooliques, enguirlandé dans une solitude bruyante et transpirante.
J’ai entendu craquer les visages de cire quand Pauline passa la porte,
Comme si la beauté en ces lieux ne passait plus souvent.
Nous ne sommes pas d’ici et ils l’ont bien vite compris.
A notre allure je crois que c’est « champagne » qu’ils avaient dit.
Mais ce Georges a une gueule de cinéma !
Il parle en noir et Blanc et respire en fracas,
On l’appellerait bien Mr Max, le roi de la démolition,
On lui donnerait bien la vieille Denise sans vraiment poser de questions.
Accoudé à son zinc, il a fermé les yeux.
La musique retentit, les clients vont et viennent,
Et lui rêve d’une vie qui un jour était la sienne.
Une oreille chante. Georges ronfle.
C’est la paroi de ses rêves qui se fissure
et la force du liquide qui remplit ses murs.
Mais il faudra bien que je parte, que je règle l’addition.
Que je réveille un instant cet embrasseur de pression.
La nuit est tombée et Georges est tombé sous le poids de ses passions.
Son réveil est brutal et désordonné,
Il se confie dans un râle d’ une vie bien fatiguée.
Mon Ironie s’éteint sous le souffle de la compassion,
Ce bon vieux Georges est un saint et la rue Marthe sa prison.
Barthélémy Desplats