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Sybille de Bollardière
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L'amour, le roman et l'origine du rêve

21 Juin 2011, 09:13am

Publié par Sybille de Bollardiere

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« Les amoureux sont seuls au monde parce que le monde est fait pour eux et par eux. » dit Sollers dans Trésor d’amour mais en écrivant cela, c’est surement aux rêveurs qu’il pense, à ceux qui même la nuit, ne cessent de tisser la toile de leurs jours, écrivant mot à mot dans le désordre onirique et pourtant précis des rêves, leur destination.

Certains, particulièrement nomades, se perdent en rêvant, oublieux de l’origine ; leur âme évadée erre sans fin d’une contrée à l’autre cherchant dans le récit la trace d’une vie antérieure. Il m’arrive de croire que la vie que je mène ici n’est que l’émanation d’un rêve entamé il a longtemps. Comme Yoshka, j’ai l’âme sibérienne, chaque roman m’entraine plus loin encore et parfois me rapproche sans que je saisisse pour autant notre très ancienne réalité échappée.

L’amour, l’amitié, vous offrent le privilège rare d’habiter quelque temps les rêves d’un autre.

 

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Piotr et le Prix Rive Gauche à Paris

19 Juin 2011, 17:17pm

Publié par Sybille de Bollardiere

 

Piotr et le prix Rive Gauche

Piotr était ému et pour une fois silencieux. C’était une grande première pour nos retrouvailles : le jury du Prix Rive Gauche à Paris accepta  à l’unanimité la présence de mon ami Gasterovitch à nos débats qui se déroulèrent comme prévu au fameux restaurant de la rue Delambre. L’Auberge de Venise qui fut autrefois le Dingo Bar, un lieu mythique de Montparnasse fréquenté par Fitzgerald et Hemingway, fascina Piotr. Depuis son séjour à New-york auprès de Delphine Lévy-Lobster (Voir : Delphine et Piotr, rencontre à Manhattan ou ... Où il est question de Delphine Lévy-Lobster, de Basquiat et de mon départ pour les Nouvelles Hébrides... Yoshka et le voyage de Delphine Lévy-Lobster ) la littérature américaine  d’Hemingway à Roth n’a plus aucun secret pour lui.  

 

Après quelques questions sur l’éventualité de la création d’un prix étranger, Piotr  se contenta de nous observer, visiblement ravi de nos hésitations qui tendaient à prouver que l’ensemble de notre sélection était excellent.  Néanmoins en fin de soirée, notre choix était fait : l’été 76 de Benoît Duteurtre chez Gallimard, L’écrivain de la famille de Grégoire Delacourt chez Lattès, Je pars à l’entracte de Nicolas d’Estienne d’Orves chez Nil et Pas son genre de Philippe Vilain chez Grasset étaient retenus.

 

Après que la présidente du Jury, Laurence Biava eut annoncé d’une voix enjouée, que le gagnant serait désigné le 1 juillet, Piotr m’entraina à l’extérieur pour me faire part d’une « préoccupation d’importance ». Selon lui, le premier roman de Delphine Lévy-Lobster allait être publié en France. Pour Piotr Gastérovitch, son élection à un des grands prix étranger de la rentrée ne faisait aucun doute. A défaut du Médicis, il était prêt à entrevoir pour elle la possibilité d’un Rive gauche étranger… Un appel inopiné de Yoshka me permit de mettre fin à cette conversation. Ravi d’avoir de ses nouvelles, Piotr accepta son invitation. C’était décidé, après la remise du Prix Rive gauche à Paris le 1er juillet, nous partirions en train Piotr et moi pour S… Où viendrait nous chercher Yoshka. Notre ineffable trio se retrouverait pour un été qui s’annonçait aussi nomade que littéraire.

Les photos du Prix Rive Gauche à Paris 

 


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Damas, le coeur oriental

14 Juin 2011, 08:10am

Publié par Sybille de Bollardiere

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Asfur Forever - sur Google earth

L’averse a redoublé et les toits résonnent de son crépitement. C’est une grosse pluie lourde et molle qui ruisselle sur les fenêtres que des semaines de beau temps avaient maintenues ouvertes et qu’il faut maintenant refermer. Et puis c’est le soir, l’heure des lampes plus tôt que d’ordinaire ; la lueur bleue de l’écran dans l’ombre du bureau m’entraine dans les méandres de la toile.

 

Voyage d’encre dans les ruelles anciennes où les murs ne délimitent ni les odeurs ni les bruits. Ici, le muezzin, plus loin le carillon d’une église syriaque avant cette autre ruelle qui mène à la synagogue. J’ai le pas hésitant devant cette image volée dont je ne connais ni l’auteur, ni la date où elle a été prise. Une fin d’automne probablement, en témoignent le feuillage qui se défait et la lumière qui s’efface en douceur le long des parois. Damas en son cœur, à des lieues des faubourgs, de Homs ou de Deraa où le combattant obstiné se fige dans l’attente entre le désespoir et l’indifférence. Le souvenir, le présent qui veut se prévoir, se rêver et dessiner l’espace d’un pays nouveau.

 

Dans le temps divisé d’une ville, je dessine de mémoire un visage, le sien. Ses peurs, ses attentes et la course éreintée de l’orage dans d’autres ruelles éventrées. Donnant-donnant, des nuits de cendres contre l’ordre et une paix en guenilles. On ne dit plus la guerre, on se contente d’évoquer les événements et l’on énumère les morts, presque toujours des civils visés à la tête, parfois dans le dos.

 

Est-ce qu’il pleut là-bas où je n’irai pas ? Et que peuvent  la pluie, les mots et la pensée ouvrière contre l’indifférence ? A Damas et ailleurs, plus que les armes, c’est le silence qui est à craindre. 


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