Pensée spéciale ce matin pour mon petit prince d’Edimbourg qui trône sur le blog. Avoir onze ans et être loin de chez soi pour la première fois, avoir onze ans et tenir son journal dans le « free time » qu’il lui reste entre les cours, les sports, le dortoir… Là-bas dans les Highlands où l’on fabrique des héros, des sorciers et des génies ordinaires.
Moi je l’attends ici dans cette "vallée" que les cartes ne nomment pas mais qu’il reconnaitrait entre mille. C’est là où forêt et campagne s’affaissent pour n’être plus qu’une sillon silencieux où coule une rivière et les jours tranquilles de quelques poètes. "La vallée" si petite soit-elle occupe pourtant un espace immense qui n’appartient qu’aux mots, à ceux qui les écrivent et à ceux qui les aiment.
Ici le printemps enfin, le silence des nuits qui vous bat les tempes et rappelle qu’« Ecrire sur l’amour ou ne rien écrire » est au programme du roman à venir. Quel sujet ! Je tiens des listes à jour, des listes d’amours et de tourments et aussi de ce qu’aimer veut dire. C’est de saison, d’être amoureux, pas de souffrir en écriture. On a beau écrire sur l'amour, on ne change pas, fleur bleue, on ne peut que guetter ce pincement au cœur dont on tirera au mieux quelques lignes acceptables sur le papier. Au pire, on lira du Sollers pour s’en remettre « Entendre des femmes faire la morale, et comprendre pourquoi sera un de tes plaisirs » L’éclaircie
Mais en littérature aussi l’expédient amoureux ne passe pas, il reste sur l’estomac comme un pain ordinaire. Avec le hoquet le matin, la gorge nouée le soir, on reprend son sujet à deux mains. J’y arriverai ! Et tant pis si l’amour n’attend pas. Insaisissable, son plaisir est ailleurs, dans le déplacement et son reflet agité dans la vite d’une portière qu’il vous claque au nez. L’amour n’existe peut-être que pour son biographe.