Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Sybille de Bollardière
commentaires

Philippe Jaccottet dans La Pléiade et Pensées sous les nuages...

26 Janvier 2014, 07:33am

Publié par Sybille de Bollardiere

jaccottet-grignan.jpg

Philippe Jaccottet à Grignan DR

 

"D’images en images glisse avec bonheur la pensée qui est pareille à un rêve ; elles sont en effet comme des portes qu’on ouvre l’une après l’autre, découvrant de nouveaux logis, mettant en communication des foyers qui paraissent incompatibles ; un esprit soucieux d’honnêteté en tirerait-il tant de joie si elles étaient absolument dépourvues  de fondement réel ? Ne faut-il pas penser plutôt que, même sans être jamais vérifiables, elles nous portent vers ce qu’il peut y avoir autour de nous ou en nous de vérité cachée ; ou même qu’elles rebâtissent à chaque fois, dans l’esprit du songeur, des clartés toujours nouvelles et toujours à refaire ?

Qu’un poète soit un arbre couvert de paroles plus ou moins parfumées n’est pas une image très juste, puisque ses paroles changent et que nul ne peut les prévoir ; il est vrai cependant qu’un jour il semble s’écrouler comme l’arbre, et pourrir. Mais non sans avoir tout essayé pour que ce qui tombe alors ne soit plus qu’un vêtement superflu, l’uniforme de son office terrestre, et que tout ne se réduise pas à ce dépouillement."

      Philippe Jaccottet  « Bibliothèque de la Pléiade », 20 février 2014, p. 109-110 (La Promenade sous les arbres)

"On ne peut pas écrire tous les jours, à heures régulières, comme le paysan laboure un champ ou comme le clerc feuillette et annote ses minutes. On est plutôt pris entre deux dégoûts, celui d’écrire ce que l’on écrit (de ne pas le faire mieux, autrement) et celui de ne plus rien faire du tout, qui est pire. À moins de changer de métier, ce qui est vraisemblablement utopique. Les paroles devraient donc se frayer un chemin entre ces deux insatisfactions, dans un étroit espace où elles trouvent peu d’aliment, peu de feu. Alors que l’air et l’espace autour de nous séparent si largement les choses les unes des autres, et peuvent si aisément être franchis." 

Philippe Jaccottet, Œuvres, préface de Fabio Pusterla, édition établie par José-Flore Tappy, avec Hervé Ferrage, Doris Jakubec et Jean-Marc Sourdillon, Gallimard, collection « Bibliothèque de la Pléiade », 20 février 2014,p 634 (La Semaison)

 

*      *       *

 

Quelqu’un tisse de l’eau (avec des motifs d’arbres

 en filigrane). Mais j’ai beau regarder,

je ne vois pas la tisserande,

ni ses mains même, qu’on voudrait toucher ;

 

Quand toute la chambre, le métier, la toile

Se sont évaporés,

On devrait discerner des pas dans la terre humide…

 

*    *    *

L’aurais-je donc inventé, le pinceau du couchant

Sur la toile rugueuse de la terre,

L’huile dorée du soir sur les prairies et les bois ?

 

C’était pourtant comme la lampe sur la table avec le pain.

 

Philippe Jaccottet

Pensées sous les nuages, poèmes

Gallimard - 1983

 

Voir les commentaires

commentaires

Les petits cahiers

3 Janvier 2014, 20:57pm

Publié par Sybille de Bollardiere

PRINTEMPS.jpg

ETE-AUTOMNE.jpg

PRINTEMPS-2013---Copie--2-.jpg

Voir les commentaires

commentaires

Album - Les-petits-cahiers

2 Janvier 2014, 16:39pm

Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers
Album - Les-petits-cahiers

Voir les commentaires

commentaires

Résolutions

2 Janvier 2014, 12:01pm

Publié par Sybille de Bollardiere

img7467copiecopie.jpg

Photo Thibault Andrieux

Ne plus rien ignorer des bouleaux, pins, charmes et autres chênes de la vallée. Observer et noter avec la plus grande précision tout ce qui a trait à leur écorce, leur ramure et la manière dont chaque branche est rattachée au tronc, leur couleur, leur plainte les jours de vent et cela en toute saison.

Renoncer définitivement aux animaux domestiques, préférer le monde sauvage. S’enfoncer sans crainte dans la forêt dans le plus grand silence, faire corps avec elle, suivre la trace d’un chevreuil en évitant celle des sangliers, surprendre un regard, un envol, le soir, quand la brume emporte les lisières.

En ville ou ailleurs, appliquer les précédentes résolutions au genre humain avec la même détermination.

Tenir le registre des pluies et autres précipitations, noter la couleur du vent, son parfum, le dessin des nuages, leurs mouvements et la transparence du ciel qu’ils laissent entrevoir.

Rapporter de chaque marche une pierre pour édifier un mur, du petit bois pour le feu.

Voyager en toute circonstance.

Durer dans l'éphémère.

Attendre pour manger, boire, ou lire que ça soit nécessaire, pour écrire, que ça devienne impérieux.

Aimer sans attendre et sans autorisation.

Avec mes meilleurs voeux... et

 

 

A lire sans attendre : Les voeux d'Ariane Mnouchkine...

 

       

Voir les commentaires