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Sybille de Bollardière
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Jour de pluie

29 Janvier 2015, 14:43pm

Publié par Sybille de Bollardiere

Jour de pluie

Janvier, cette façon qu’a la nuit de déborder sur le jour, d’étaler ses couleurs de plomb sur un paysage enfin dompté. Plus rien ne bouge sur l’horizon balafré des pluies. Café, stylo, son frottement sur la page tandis que l’œil s’égare sur l’écran. Les bénéfices d’Apple, prise d’otage à Sydney, le fantôme d’EL à Tripoli… Les pensées filent sur la nappe, dérapent sur un mot : La Lybie et soudain je revois Béninah par le hublot dans le soleil de juillet. Béninah en 1971, c’est juste un bout de désert qui plonge dans la Méditerranée. Le charter Gatwick-Mahébourg s’est posé sur le tarmac en cette fin de matinée d’été. Plus de 40° à l’ombre mais voilà de l’ombre il n’y en a pas et la climatisation est coupée le temps du ravitaillement. Les officiels de l’aéroport ont déclaré : « Seuls les blancs peuvent débarquer » les autres, c'est-à-dire plus de 80% des passagers, sont des mauriciens qui rentrent au pays pour les vacances. L’équipage et les quelques européens dont je fais partie, ne descendront pas. Solidarité dans la fournaise, inquiétude muette pour écouter les hurlements des enfants et puis j’ai tout oublié, attendu comme un légume que l’enfer s’étire dans la carlingue surchauffée. On a décollé dans un silence de plomb, abusé des ventilations jusqu’à Entebbe, deuxième station, terre promise au bord du lac Victoria où on nous a offert de l’eau et une improbable douche. C’est ce jour-là que j’ai vu les neiges du Kilimandjaro. Le soir à Mahébourg il avait plu. La foule courait vers les passagers, je me souviens d’une robe jaune comme une fleur que je suivais des yeux.

Béninah et Entebbe sont deux cauchemars englués dans le souvenir de leurs dictateurs et pour les neiges du Kilimandjaro le pronostic n’est pas terrible non plus mais il y a surement quelque chose de bien dans cette foutue journée de pluie. J'y retourne.

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Garry Winogrand au Jeu de Paume

28 Janvier 2015, 17:14pm

Publié par Sybille de Bollardiere

Garry Winogrand au musée du Jeu de Paume jusqu'au 8 février.  : Park Avenue, New York, Los Angeles, Austin...Garry Winogrand au musée du Jeu de Paume jusqu'au 8 février.  : Park Avenue, New York, Los Angeles, Austin...
Garry Winogrand au musée du Jeu de Paume jusqu'au 8 février.  : Park Avenue, New York, Los Angeles, Austin...Garry Winogrand au musée du Jeu de Paume jusqu'au 8 février.  : Park Avenue, New York, Los Angeles, Austin...
Garry Winogrand au musée du Jeu de Paume jusqu'au 8 février.  : Park Avenue, New York, Los Angeles, Austin...Garry Winogrand au musée du Jeu de Paume jusqu'au 8 février.  : Park Avenue, New York, Los Angeles, Austin...

Garry Winogrand au musée du Jeu de Paume jusqu'au 8 février. : Park Avenue, New York, Los Angeles, Austin...

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Ligne 9

27 Janvier 2015, 20:44pm

Publié par Sybille de Bollardière

Ligne 9

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La voile rouge

21 Janvier 2015, 17:51pm

Publié par Sybille de Bollardiere

La voile rouge

Le roman ? Voila je m'y remets, récris l'histoire en me glissant dedans, "je" en veux-tu en voilà, une peau d'encre pour l'hiver, des phrases à retourner comme un gant et des images qui surgissent du revirement. C'est long comme une vie, je n'en n'ai pas fini.

"- Tu t’appelles comment ? demanda l’homme en ramassant la poudre de café à l’aide d’une feuille de papier. Il me sourit alors que je lui raconte ma vie, que je suis là en vacances avec ma maman qui dort encore et que nous irons à la plage après le petit déjeuner. Je revois une à une toutes les images de cet été à Trouville que je passai, pour une raison inconnue, seule avec ma mère. Un autre jour, l’homme au grand sourire me tient par la main sur le quai avant de rejoindre un bateau. Il fait froid, le ciel est gris et la voile rouge sombre claque au vent, ma mère a le mal de mer. J’entends le cri des mouettes et la voix de l’homme qui m’appelle. Il tient la barre, me montre la direction en m’installant sur ses genoux. Plus tard comme je frissonne, il m’enfile son gros pull marin et me regarde ensuite déambuler comme un manchot sur le pont instable. Je suis ridicule et heureuse dans ce pull immense un peu grattant qui me bat les genoux, il sourit toujours et je le trouve beau et tellement gentil. Au loin la mer est grise, infinie. Alice de profil regarde l’horizon, cheveux au vent, les deux mains cramponnées au bastingage. Elle porte déjà sa grosse gourmette en argent qu’elle ne quitte jamais, où pendent des breloques qu’on lui offre pour son anniversaire ou Noël : un gouvernail, une ancre, un nœud marin. Comme toujours, elle a les ongles vernis couleur rubis, sa bague et son alliance au petit doigt, l’une cachant l’autre façon à la fois négligente et chic de jouer à la célibataire, incomparable Alice…" Extrait "Les mauvais sentiments"

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