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Sybille de Bollardière
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En marge 8 - La couleur même de la vie

7 Mars 2016, 21:08pm

Publié par Sybille de Bollardiere

Projets

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Dernière page du carnet "en marge" du roman, bientôt retour de mars, du printemps, des carnets de dessin pour saisir les couleur de la vie et le noir et blanc des mots quand ils ne suffisent pas et l'ouest toujours...

Ecrire, rentrer dans une toile d'araignée et sentir que petit à petit c'est l'histoire qu'on raconte qui vous tient. Je suis ce que j'écris. C'est la séparation – pension, rejet, absence – ce pas de côté qui me permet d'écrire. « Ecrivez à partir de l'expérience et seulement à partir de l'expérience » Henri James

J'écris aussi à partir de ma différence, celle qui m'a permis de les voir de les observer et pas seulement de vivre avec eux. J'ai partagé leur vie, souffert et ricané avec eux et plus que tout mon silence leur appartient. Nos solitudes bruyantes et juxtaposées ne se rencontraient que dans la violence et pourtant, ils m'ont désarmée par avance de toutes mes fictions. Pas une ne pourra rivaliser avec ce que nous avons vécu. Ils m'ont piégée. Mon silence contourne les chambres refermées, les yeux trop grands et les peaux à vifs. L'enfance à jamais dans son deuxième tombeau et l'écriture c'est peut-être ça, l'aveu de mon incapacité à revivre cette réalité dont je suis le dernier témoin survivant.

Pour parler comme Henri James de « l'intention morale consciente » du roman, ici de l'écriture, je dirais la réhabilitation au travers d'une tendresse maladroite envers ce passé. Penser que la fiction puisse remplir ce rôle est probablement un leurre, une illusion mais je n'hésite pas. Comme un peintre, par petites touches j'essaie de saisir même das les zones noires « la couleur même de la vie » dit encore H. James.

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En marge 7 - Quelque chose d'oublié

3 Mars 2016, 09:17am

Publié par Sybille de Bollardiere

En marge 7 - Quelque chose d'oublié

La suite des petits carnets (2014- 2015) en marge de l'écriture du roman.

Filmer les meurtres comme des histoires d'amour et les histoires d'amour comme des meutres. Alfred Hitchcock

J'écris caméra à l'épaule, entre dans les pièces en balayant l'espace. Il doit bien y avoir quelque chose d'oublié dans un coin, un détail qui expliquerait tout. Ecrire modifie mes souvenirs, ma mémoire. Mon père, mes frères ressemblent de plus en plus à ceux du «Défaut des origines» quant à mon grand père il est devenu Lucien l'homme du Loir et Loire d'«Une femme d'argile».

Quant aux lieux ils n'existent plus que dans mes souvenirs. Qui se rappelle qu'avant la Porte Maillot il y avait les fortifications, la fête de la bière et parfois Jean Sunny et ses spectacles de voitures sur deux roues. J'aimais la rue, son odeur de métal et d'urine quand j'allais rue du Débarcadère vers l'ancienne Gare. La rue, les putes du quartier d'Argentine à Maillot, les pissotières, les «soupeurs», le temple de l'Etoile, le cinéma Obligado, les accéssoires automobile, SKF, les cracheurs de feu, les briseurs de chaînes, la visite de Kroutchev, mes robes à smocks. Leurs premiers vols, la carte à tamponner à l'église et dans le square, cet arabe qui voulait juste parler à un enfant. Je revois ses yeux avant qu'on ne le chasse. Je chantais sur une table drappée dans une nappe, je voulais juste être Edith Piaf.

J'ai fuis ma famille comme on fuit un pays en guerre.

Je suis un animal à coquille avec sa maison sur son dos. L'énumération des événements, le recensement des lieux me rassurent. Les événements revus, photographiés pour fonder sa propre histoire et encadrer sa vie extérieure. Et puis il y a l'intérieur, les Alassy dont la rue Brunel est le pendant diurne. Paris une ville dont je me défais comme les platanes de leur peau. Impression tenace que j'appartiens à un ailleurs comme mes enfants ont toujours fait partie de ma vie. Il me semble que je les portais déjà en moi et qu'ils sont au fond la raison de ma fuite et de ma survie.

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