En marge 8 - La couleur même de la vie
Dernière page du carnet "en marge" du roman, bientôt retour de mars, du printemps, des carnets de dessin pour saisir les couleur de la vie et le noir et blanc des mots quand ils ne suffisent pas et l'ouest toujours...
Ecrire, rentrer dans une toile d'araignée et sentir que petit à petit c'est l'histoire qu'on raconte qui vous tient. Je suis ce que j'écris. C'est la séparation – pension, rejet, absence – ce pas de côté qui me permet d'écrire. « Ecrivez à partir de l'expérience et seulement à partir de l'expérience » Henri James
J'écris aussi à partir de ma différence, celle qui m'a permis de les voir de les observer et pas seulement de vivre avec eux. J'ai partagé leur vie, souffert et ricané avec eux et plus que tout mon silence leur appartient. Nos solitudes bruyantes et juxtaposées ne se rencontraient que dans la violence et pourtant, ils m'ont désarmée par avance de toutes mes fictions. Pas une ne pourra rivaliser avec ce que nous avons vécu. Ils m'ont piégée. Mon silence contourne les chambres refermées, les yeux trop grands et les peaux à vifs. L'enfance à jamais dans son deuxième tombeau et l'écriture c'est peut-être ça, l'aveu de mon incapacité à revivre cette réalité dont je suis le dernier témoin survivant.
Pour parler comme Henri James de « l'intention morale consciente » du roman, ici de l'écriture, je dirais la réhabilitation au travers d'une tendresse maladroite envers ce passé. Penser que la fiction puisse remplir ce rôle est probablement un leurre, une illusion mais je n'hésite pas. Comme un peintre, par petites touches j'essaie de saisir même das les zones noires « la couleur même de la vie » dit encore H. James.