Renoncer c’est le mot de ce début décembre, un mot d’hiver sec et noueux comme une résolution, un aveu. Une promesse de s’y tenir, de ne pas fléchir. Un mot quasi religieux qui précède l’ascèse, la pénitence, l’oubli, l’isolement ou tout simplement la sagesse. En politique comme ailleurs, on renonce beaucoup en ce moment, on se retire dans ses terres, sa ville ou sa famille, en écriture aussi. La langue est une terre d’exil pleine de caches et de replis. Exigeante, elle vous capte, vous emporte dans ses tréfonds laborieux.
Renoncement et beauté comme cette lumière de décembre en empruntant les allées de Port Royal. Parce que depuis mon enfance, j'ai toujours aimé cet endroit, marcher dans le froid craquant vers cette vallée des solitaires, admirer encore la courbe des collines, la douceur des roux de cette fin d’automne. Prononcer les noms : Jansenius, Angélique Arnaud, Pascal, Racine… les derniers Jansénistes et regarder la fumée d’un feu monter du carré des tilleuls.
En publiant « Les mauvais sentiments », j’ai renoncé à la publication classique, à la reconnaissance pour une vie de vagabonde littéraire. Mes livres et moi nous allons voyager avec ou sans la caravane, de Normandie en Aquitaine et peut-être plus loin dans la saison, en Alsace région que je ne connais pas encore et dont je parle dans le roman.
Réaliser que Renoncer c’est parfois choisir et s’offrir l’inconnu.