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Sybille de Bollardière
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La ville oubliée

27 Février 2019, 11:24am

Publié par Sybille de Bollardière

Métro Argentine, 3 bis rue Brunel, Paris XVII
Métro Argentine, 3 bis rue Brunel, Paris XVIIMétro Argentine, 3 bis rue Brunel, Paris XVIIMétro Argentine, 3 bis rue Brunel, Paris XVII
Métro Argentine, 3 bis rue Brunel, Paris XVIIMétro Argentine, 3 bis rue Brunel, Paris XVII

Métro Argentine, 3 bis rue Brunel, Paris XVII

La ville oubliée ou au contraire omniprésente, celle de l'enfance et de ses images retrouvées. Rien qu'une rue au soleil de ce mois de février printanier et me reviennent les images d'un Paris des années 55 - 60, un Paris village que je croise parfois sans m'y arrêter. J'ai eu envie de fixer le décor de ces poèmes des années 80, une station de métro : Argentine, une adresse : 3 bis rue Brunel, 4 ème étage, ma chambre fenêtre sur cour et plus tard au 6 ème, ce balcon sur la rue ...

 

Sans dédicace, nul n'a besoin de mesurer nos larmes et l'édifice toujours défait de nos mémoires tuméfiées. Nous portons comme un vêtement de fête l'uniforme de nos rencontres hallucinées. Vos deux mains droites sur mes yeux d'obstinée pour que je veille seule vos destins d'emmurés. Parce que nous marchions de front dans le pillage, je serai poète pour vous survivre.

 

* * *

D'où viennent-ils ? De ce goulot de brique enchâssant la cour au miracle d'oiseaux où le souvenir ramène leurs visages vers les chambres muettes de nos confidences. Où je vais j'habite leurs silences, je remonte les sentiers à l'urine de cheval où nous allions entre les semaines disjointes piller les buissons de fleurs ouvrières. Ces évadés de la reconnaissance m'ont laissée sur le tranchant d'une ville, la plèvre subjuguée, incapable de reproduire ce rêve menacé.

Qu'importe la rive de ce fleuve toujours inclinée dans ma mémoire et la déflagration des îles qui ensevelit à jamais les charmes d'une saison familière, c'est là-bas que je chante ceux-là que nous étions, noués dans le mutisme et la ressemblance.

D'où viennent-ils ? D'avantage qu'autrefois de ces nuits étroites où la mémoire abrégée me reconduit sans cesse, l'illusion limitée à cet étranglement de bitume qui enchâsse les derniers bois d'une ville.

 

Poèmes extraits d'Alizarine 

Editions Le Pont de L'Epée Chambelland 1981
et La Passagère 2017

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Golfe Juan

26 Février 2019, 17:43pm

Publié par Sybille de Bollardière

"Chemin de l'aube"

Qui hante les collines à l'heure interdite

Vers l'antre des couleurs sous son ciel de tuiles.

Là-bas dans mon enfance,

D’immenses jarres de terre

Bavent leurs teintes de fausses fleurs

Sur l'ocre de la pierre.

 

Au loin, la mer effervescente

Et ma robe blanche, dégoulinante de ciel

Sur ce chemin qui redescend trop vite

Ivre de pins et de glycines.

 

Territoires poèmes
La Passagère 2014
Illustration Villa Treffonds par Raoul Dufy

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La part inscrite

26 Février 2019, 16:57pm

Publié par Sybille de Bollardière

Masques et sculptures Océanie, Musée du Quai Branly
Masques et sculptures Océanie, Musée du Quai Branly
Masques et sculptures Océanie, Musée du Quai Branly
Masques et sculptures Océanie, Musée du Quai Branly
Masques et sculptures Océanie, Musée du Quai Branly
Masques et sculptures Océanie, Musée du Quai Branly

Masques et sculptures Océanie, Musée du Quai Branly

  Exil 

Maintenant que je renais à d’autres ignorances

Toi ma terre d’exil qui m’offrit le silence

Je n’écrirai rien dans ta chair

Qui ne puisse s’effacer

Je retournerai parmi les pierres

Poussière des fleuves, alliée du vent.

 

J’aimais ta moisson d’herbe et d’orages

L’entraille des pluies, mon amnésie

L’ornement des songes et la lessive des nuits

Mais comment échapper à la promesse d’errer ?

 

Comme le pollen des fleurs anémophiles

J’irai d’abeille en arbre

Jusqu’au pistil des forêts

Dans ces troncs renversés où boivent les fauves.

 

Les soleils rouges de la terre m’accompagnent

Les voici sur le pays des eaux

Traçant leur route au milieu des forêts.

L’étreinte des arbres sur les cimes

Donnera un nom au silence de la terre

Pour que du royaume des morts

A celui des vivants

O terre féconde

Prélèves la part inscrite.

 

Poèmes du Djoue

1993

Peintures Aborigènes sur écorce Nord Australie, Musée du quai Branly
Peintures Aborigènes sur écorce Nord Australie, Musée du quai Branly
Peintures Aborigènes sur écorce Nord Australie, Musée du quai Branly
Peintures Aborigènes sur écorce Nord Australie, Musée du quai Branly
Peintures Aborigènes sur écorce Nord Australie, Musée du quai Branly

Peintures Aborigènes sur écorce Nord Australie, Musée du quai Branly

Afrique Sub Saharienne et équatoriale Musée du Quai BranlyAfrique Sub Saharienne et équatoriale Musée du Quai BranlyAfrique Sub Saharienne et équatoriale Musée du Quai Branly
Afrique Sub Saharienne et équatoriale Musée du Quai BranlyAfrique Sub Saharienne et équatoriale Musée du Quai Branly
Afrique Sub Saharienne et équatoriale Musée du Quai BranlyAfrique Sub Saharienne et équatoriale Musée du Quai Branly
Afrique Sub Saharienne et équatoriale Musée du Quai BranlyAfrique Sub Saharienne et équatoriale Musée du Quai Branly

Afrique Sub Saharienne et équatoriale Musée du Quai Branly

Couleurs, Afrique et Océanie Musée du Quai Branly
Couleurs, Afrique et Océanie Musée du Quai Branly
Couleurs, Afrique et Océanie Musée du Quai Branly
Couleurs, Afrique et Océanie Musée du Quai Branly
Couleurs, Afrique et Océanie Musée du Quai Branly
Couleurs, Afrique et Océanie Musée du Quai Branly
Couleurs, Afrique et Océanie Musée du Quai Branly

Couleurs, Afrique et Océanie Musée du Quai Branly

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insomnie

1 Février 2019, 08:18am

Publié par Sybille de Bollardière

Sur la façade décrépie je peux encore deviner les couleurs et ces trois personnages qui s’enchaînent comme les mots ou les moutons à venir : Dubo, Dubon, Dubonnet… Bonnet de nuit pour enfiler les boulevards… Bavarde, comme une pie à s’étrangler parfois -là, je triche - à pleurer souvent… Vent du désert sur mes souvenirs de guerre et d’amour… Mou et décadent comme rien, non je ne vois rien qui commence avec le mour d’amour si ce n’est mourir d’amour pour en finir… Finir le point d’ourlet par l’aller-retour de la machine comme ma mère et avant elle, ma grand-mère sur la vieille Singer… Singer la femme toujours pour mieux dissimuler la sauvage qui vit en moi… Moire de l’étoffe verte de son crucifix au-dessus de son lit, la fraîcheur du lin de ses draps… Drame de son absence chaque jour et particulièrement quand je ris… Rivières sous les ponts qui passent comme le temps, merveilleusement, non ce n’est pas tout à fait vrai… Vraiment c’est dur les cadeaux qui vous reviennent, ce tableau peint pour eux : un puit de Sologne sous la neige. Neige encore sur mes souvenirs de là-bas avec la poudre de sucre glace sur sa recette de gâteau à l’orange… "Range-moi ça dans l’armoire à confiture près de la pile des serviettes de … » Toilette dans sa salle de bain, Arpège de Lanvin, ses longs cheveux fins et bruns, son dos, ses seins, son âge… L’âge nous rapproche, nous réunit. Je souris de nous, d’elle l’aïeule et de moi aussi… Si près de ces instants partagés à l’abri du crépi doré des murs… Muris et repassés, nos souvenirs comme le linge d’antan sur nos tables de fête…

Faites que je lui ressemble encore…

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