Auteure. Romans, récits, poèmes. Atelier d'écriture, photos.
Chrysanthèmes
Qu'importe novembre et le défilé des saisons
Je n'irai plus entre mère et mer
Partager avec elle
Au bord d'un lit, au bord de rien
Nos provisions de rancœur et de fidélité
Désormais, je n'ai plus aucune raison de retenir
Les mots, les idées, les anecdotes du quotidien
Notre mélange d'amertume et d'admiration
Pour maintenir
L'équivoque de notre étonnante relation
On se souviendra peut-être que nous avons été
Mère et fille, mais surtout femmes
Amantes, aimantes, passionnées, jalouses et possessives
Veillant maladroites, sur le trésor de nos Atrides
Qu’importe novembre et le défilé des saisons
Les chrysanthèmes, qu’elle aimait jaunes aux balcons
Nous n'écouterons plus ensemble les Wesendonck lieder
Brahms ou les mélodies de Fauré
Le silence aura raison de nous
23 0ctobre 2022
Hémisphère sud, poème
Hémisphère sud
Ce soir, sans destination
Je dérive au fil des mots qui me traversent
Comme autrefois sous le pont de Mahébourg
Quand j’installais au crayon mon paysage d’avenir
Comment ne pas penser au décor qui précède la rencontre
Sans rien en divulguer, sans rien annoncer
Paysage muet qui m’a regardée renaitre
En silence, oui, aucun bruit ne me revient
Si ce n’est son rire, le bruissement des filaos
Peut-être les deux
De celui qui fut autrefois mon marin du Capricorne
D’anciennes photos, un voilier
L’écume d’une saison ancienne
Un été au cœur de l’hiver austral
Dans ma robe blanche de l’hémisphère sud
Des Pailles au Cap, de Riche-en-eau à Souillac
Et plus tard Mont choisi et nos nuits de pleine lune
Le crissement du sable sur nos peaux
Quand il se levait pour regarder la mer
L’ourlet blanc de la barrière de corail
Et puis brusquement un jour, le départ
Les adieux silencieux, on a le temps on a vingt ans
D’autres vies, les enfants
Au réveil parfois, un mot plein de soleil et de mer
De celui qui fut autrefois mon marin du Capricorne
D’anciennes photos, un voilier
L’écume d’une saison ancienne
Aujourd’hui ça me plait tellement
Que l’amitié elle-aussi, soit un peu éternelle
Et l’avenir soudain transparent
Connaîtrais-je enfin le cœur tranquille de cette vie ?
21 octobre 2022
Un lien vers mes photos d'avion de L'Ile Maurice août 1971
Désormais, poème
Désormais
Vaincu, désarmé et désormais le poème
Après l’étreinte des fièvres, la digne plainte du silence
Je me souviens… Mais comment justement ne plus me souvenir
Ne plus compter les mois, les années, les semaines, les cafés, les maisons
Les vagues et les saisons
Avec un spray de brume sur le paysage, apprendre le vide
Face aux fenêtres rouges de la nuit
Oublier l’ombre et la lumière, fermer les paupières
Juste une prière pour ne pas pleurer
Il me reste à découvrir des enfers insoupçonnés
Le poème est cet écho qui me traverse et me ramène là où je dois être.
18 octobre 2022
Périphérie, poème
Un ultime trois-mâts surgi du fond des brumes
Se pavane pour moi sur un rectangle vert
Et les oiseaux d'argent qu'on regarde à l'envers
Ont frémi sur la vague en des frissons de plumes
Jean Violette
Périphérie
S’en tenir à la périphérie des villes et des êtres
Fuir et se priver de ce qui aurait pu se dire ou se faire
Rester à distance
Graviteur d’infortune, choisir cet écart nécessaire
Comme un navire s’éloigne de la terre un soir de tempête
« Tirer des bords » tout en convoitant l’objet délaissé
Le cœur à atteindre, à renverser, dévaliser
S’astreindre à l’exil par ruse ou par sagesse
Pour cet indispensable changement de point de vue
De plus loin ou d’ailleurs la ville est différente
L’autre aussi
Aucun centre n’est le même quand on s’en éloigne
L’attraction s’épuise et, de chemins de traverse
En lisières au couchant
On se retrouve ici, poète au cœur de rien
Au chevet de tout
Il y a matière à réflexion.