Auteure. Romans, récits, poèmes. Atelier d'écriture, photos.
Zuidlaren
Refuge des bois sous le cri des oies
Le vent, la pluie
Et la chute des glands sur le toit
Nos nuits sur le sol et la lune entre les rideaux
Sur l’unique table, le café et nos livres
Dans nos rêves, tu marches sur la lande
Vers cette rivière dont j'ai oublié le nom
Ta respiration
La fête un soir d'octobre, ton regard sur la ville
Tes souvenirs et le bleu du ciel entre les pluies
Zuidlaren
Comme un mot de passe
Pour nos routes à venir.
Octobre 2016
Soir de septembre
Un vent d'est en rafales
Pousse vers l'ouest notre rencontre
Et le souvenir que j'en ai
À me lire
On pourrait croire que je n'ai aimé que des morts
Et pourtant
Entre les nuages et les coups de pinceau du soleil
Sur la terre rouge australe, tu étais là, vivant
Comme hier sous le seringa
Où nous étions ton fils et moi
Devinant la nuit à venir
Un rideau d'ombres dans les yeux
Nous serons toi et moi
Toujours coupables d'avoir séparé l'inséparable
Les années passent et ne parviennent pas à effacer
Ces matins où nous avons renoncé à parler
Et les soirs où oubliant de me taire
Je parlais pour deux de ce que tu aurais du faire
Et de ce que j'aurais pu ignorer
Se souviendra-t-on de nous
De ce que nous aimions
Des silences de notre passion
Du malheur de ne pas savoir être heureux
Alors encore une fois prononcer ton nom face à la nuit
Et rêver pour l’avenir de bonheurs prudents
À l'abri des vents noirs et des eaux froides de l'ennui
Septembre 2024
Monologue
De l'été qui s'en va
Les teintes d'encre d'un ciel de pluie
La vie immobile
comme on retient ses larmes
dans l'attente d'un baiser
Plus seule que la page d'un livre
J'invente mon lecteur
Comme un malentendu
Dès les premiers mots
Je vais à sa rencontre
marchant vers l'inconnu
Tout attendre de lui
Exister en écrivant
Plus seule que la page d'un livre
Tendue vers l'impossible aveu
Et lui, l'autre que la page délivre
Fragile et dépossédé
D'une vague comme d'un silence
Effaçant d'un mot la sentence
L'absence ou l'immobilité
Jacques Réda
Nul seigneur je n'appelle, et pas de clarté dans la nuit.
La mort qu'iL me faudra contre moi, dans ma chair,
prendre comme une femme,
Est la pierre d'humilité que je dois toucher en esprit,
Le degré le plus bas, la séparation intolérable
D'avec ce que je saisirai, terre ou main, dans l'abandon
Sans exemple de ce passage
Et ce total renversement du ciel qu'on n'imagine pas.
Mais qu'il soit dit ici que j'accepte et ne demande rien
Pour prix d'une soumission qui porte en soi la récompense.
Et laquelle, et pourquoi, je ne sais point :
Où je m'agenouille il n'est foi ni orgueil, ni espérance.
Mais comme à travers l'œil qu'ouvre la lune sous la nuit.
Retour au paysage impalpable des origines,
Cendre embrassant la cendre et vent calme qui la bénit.
Jacques Réda
La mort qu'iL me faudra contre moi, dans ma chair,
prendre comme une femme,
Est la pierre d'humilité que je dois toucher en esprit,
Le degré le plus bas, la séparation intolérable
D'avec ce que je saisirai, terre ou main, dans l'abandon
Sans exemple de ce passage
Et ce total renversement du ciel qu'on n'imagine pas.
Mais qu'il soit dit ici que j'accepte et ne demande rien
Pour prix d'une soumission qui porte en soi la récompense.
Et laquelle, et pourquoi, je ne sais point :
Où je m'agenouille il n'est foi ni orgueil, ni espérance.
Mais comme à travers l'œil qu'ouvre la lune sous la nuit.
Retour au paysage impalpable des origines,
Cendre embrassant la cendre et vent calme qui la bénit.
Jacques Réda