J'ai volé un paysage
"Toi qui sur le néant en sait plus que les morts"
Mallarmé
J’ai volé un paysage et je m’y suis installée pour l’hiver
Transparente
Pour n’être ni l’objet ni le sujet
Et encore moins l’auteur
Mais simplement l’hôte de ce qui suivra
Quand on a si peu et trop à la fois
La somme de ses peurs, son indigence et vingt six lettres
Que dire du néant, de l’attente et de ce que l’on appelait l’amour ?
Posée sur l’herbe sèche, ma table d’écriture
Comme une arche d’alliance
Pour révéler que rien n’existera que le poète n’ait nommé
Que la clameur du monde est dans le trait, dans sa rupture
Le blanc immense de la page
Car c’est dans l’absence que se révèle la présence
Que se dévoile, comme sur le paysage
Cette rivière où, l’été, penchée dans son ombre
J’écrivais du temps, le visage à venir
SB ce matin de janvier en poésie...