Transports
Transport en commun le long du Luxembourg Et des lambeaux d’amour accrochés aux grilles Quand le 82 remonte la rue Vavin Aussi étroite que mes souvenirs qui se balancent au vent Comme les fruits des platanes dans leur décor d’hiver. Plus loin Raspail et ses croisements de mémoire Quand Beauvoir faisait traverser Sartre, ici Où je passais avec mes vingt ans Mon carton à dessin Et l’âme poète au bout du fusain. La Grande Chaumière n’est plus très loin Et aussi cet Atelier au temps suspendu Où je posais dans les courants d’air Pour un œuf dur et une leçon de perspective A la coupole, steak au poivre et profiteroles J’échangeais cheveux blonds contre yeux noirs Et la verticale amnésique, je repartais vers le Maine Façades nord, aussi chères, mais suantes d’ennui Au cœur noir des vitrages. Le 82 gémit contre l’asphalte Et quand j’entends Vaugirard Je sens l’amour à bout de bras, Dans les rotatives du siècle Et maintenant l’épilogue silencieux à Duroc En mémoire de ce qui n’a pas eu lieu Je descends Absente comme les années traversées De Maillot à Luxembourg en 82 Mars 2010