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L'Orange de Mars 24 - Jamais... Comme si de rien n'était
De: "Savannah." <.Savannah@hotmail.fr>
À: "Malcom." <Malcom.@hotmail.fr>
Objet: Comme si de rien n'était
Date: lundi 12 mai 2003 22:36
Malcom,
Le quotidien a repris ses droits, tout commence par le grand embouteillage matinal où l'on retrouve son visage dans le rétroviseur. Est ce bien moi en train de mettre son rouge à lèvre ? Je ne reconnais ni le regard sérieux ni le geste pressé, trop précis. Mais oui, c'est ainsi !
Souvent dans la journée j'ai recherché des yeux ce paysage qui commençait à s'estomper, mentalement je refaisais nos pas, suivais cette route qui part de Saint Léonard et longe la rivière, j'ai recherché aussi ces vallons d'un vert cru où nous n'avons fait que passer.
C'est aujourd'hui que j'aimerais m'asseoir dans une de ces églises de village où la messe sonnait dimanche, m'asseoir pour entendre les cloches puis le silence, sentir monter la fraîcheur des dalles de pierre tout en regardant un à un les saints de plâtre et ces sempiternels chemins de croix qui m'émeuvent pourtant.
Toute entière présente à ces instants je n'ai pas vu le temps passer ni su le retenir et maintenant je suis comme étourdie sur le bas côté d'un temps dans lequel je n'entre pas encore. Tout m'est inconnu et même ta prose tendre n'a pas le pouvoir de me ramener à ces moments à jamais enfuis.
Bien sûr je m'efforce de croire à l'évidence, il y aura d'autres bonheurs.
Comme si de rien n'était la nuit tombe et le jardin indifférent me regarde comme ces lieux délaissés qui ne vous reconnaissent plus tout à fait. Se peut-il que j'ai tellement changé pour que j’aie cessé d'être familière à tout ce qui m'entoure ?
Au-delà des bonheurs de la vie il y a la joie profonde d'exister, cet étrange état où tous nos sentiments, qu'ils soient heureux ou nostalgiques s'acceptent et s'exaltent hors du temps de chacun dans une force commune. Pour moi le sourire de l'ange de Reims c'est cela, une joie qui défie le temps et ses déroulements.
J’emporte avec moi pour la nuit le sourire de l'ange et je t'embrasse.
Tendrement à toi,
Savannah
De: "Malcom." <Malcom.@hotmail.fr>
À: "Savannah." <.Savannah@hotmail.fr>
Objet: De toi à moi et si proche
Date: mardi 13 mai 2003 19:03
Savannah
Dans la nuit, à Paris, les bruits me bousculent et les insomnies reprennent. Fermer la fenêtre ? Que nenni. Alors ? Respirer. Retrouver le souffle du sommeil. La douceur du sourire.
Les jamais-plus-plus-jamais et les never-more nous prennent par instant et voudraient nous pousser à la nostalgie. Les lendemains n'ont jamais des têtes de demain. Aujourd'hui pour commencer, aujourd'hui est toujours prêt. C'est aujourd'hui. Le jour d'ici et maintenant. Prêt à tout. A prendre et ne rien laisser. Jamais-plus-jamais, never-more, rien-de-rien, drôle de chanson du quotidien. Ce vieux trumeau. Notre antique quotidien.
Mais ne restons pas sur le pas de la porte, entrons-sortons. De l'ombre à la lumière, nuit et jour, à la recherche ou possédant, entrons-sortons. Debout ou étendu. De toi à moi et si proche.
Tendres baisers
Malcom
De: "Malcom." <Malcom.@hotmail.fr>
À: "Savannah." <.Savannah@hotmail.fr>
Objet: le souffle du lendemain
Date: mercredi 14 mai 2003 21:20
Savannah,
C'est dans le « rien ne va plus » qu'il te faut trouver le souffle du lendemain. Il est là, sans doute discret, très discret, mais il fait légèrement onduler un pan d'ombre ou de lumière, si grise soit-elle. Ou bien encore ce léger souffle se révélera dans le réveil, dans la toute première pensée, quand, encore allongée, tu émerges et fais ta première liste. Savannah est en haut de la liste, Savannah doit être en haut de sa liste. Égoïsme horizontal très nécessaire et charitable, ainsi enfants-familles-amis-et-amant n'en seront que mieux aimés. Tu te dois à toi-même.
Et je ne suis pas gai dans l'instant où tu m'appelles. Laisse filer ce nuage. La nuit le chassera et demain nous offrira quelque tendresse.
Je t'embrasse tout aussi tendrement
Malcom