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Sybille de Bollardière

À: "Malcom." Objet: Inopportune Date: lundi 26 mai 2003 08:49 Malcom, Dois-je comprendre que je n'aurai pas d'autres nouvelles de toi ? J'ai passé un dimanche un peu inquiète à ton sujet, ton..." href="https://www.sybilledebollardiere.com/pages/LOrange_de_Mars_28_Lettres_restees_sans_reponse-877360.html"> L'Orange de Mars 28 - Lettres restées sans réponse

, 15:07pm


 

De: "Savannah." <.Savannah@hotmail.fr>

À: "Malcom." <Malcom.@hotmail.fr>

Objet: Inopportune

Date: lundi 26 mai 2003 08:49

 

Malcom,

Dois-je comprendre que je n'aurai pas d'autres nouvelles de toi ?

J'ai passé un dimanche un peu inquiète à ton sujet, ton petit mot très sec m'attriste; "Toutes les entrées de communication fermées" c'est un peu dur même si je ne pas toujours aussi délicate que j'aimerais l'être.

 

Si tu ne souhaites plus que je t’appelle ou t'écrive, dis le moi, je n'ai pas du tout envie de t'importuner.

Je t'embrasse

Savannah

 

 

----- Original Message -----

From: Savannah.

To: Malcom.@hotmail.fr

Sent: Monday, May 26, 2003 10:43 AM

Subject: les fleurs

 

 

Je voulais juste te remercier pour le très beau bouquet de fleurs que j'ai découvert ce matin. Il est intact et ensoleille mon bureau.

Merci encore, et je te souhaite du fond du coeur d'aller mieux.

Savannah

 

De: "Savannah." <.Savannah@hotmail.fr>

À: "Malcom." <Malcom.@hotmail.fr>

Objet: Sous les étoiles de mai

Date: jeudi 29 mai 2003 23:32

 

Une belle nuit tiède qui sent déjà l'été. Avant d'aller rejoindre mes dernières lectures ces quelques lignes que tu trouveras peut-être demain.

 

Fondamentalement je sais que nous n'avons rien à craindre de l'éloignement, même si je dois apprivoiser mes doutes et mes inquiétudes, je sais que l'espace (ouvert par tes tirets ou parfois par mes points de suspension) est une respiration nécessaire et créative. Nous ne savons rien de ce qu'inventeront pour nous les étoiles. Ce soir je me laisse bercer par elles.

 

Je t'embrasse.

A toi, tendrement

Savannah

 

 

De: "Savannah." <.Savannah@hotmail.fr>

À: "Malcom." <Malcom.@hotmail.fr>

Objet: un soleil orange pour une nuit sourde

Date: mercredi 4 juin 2003 21:45

 

Malcom qu'est ce que tu me fais ?

 

Non je ne suis pas triste, non, pas ce soir, je ne peux pas l'être. Tu m'obliges.

Bavarde je garde parfois pour moi l'essentiel alors oui, je l'avoue, avant toute chose tu es mon ami, celui que j'ai choisi, avec hésitations parfois - toujours ces vieilles peurs de ne pas tenir la distance. Mais je suis ton amie. Tu me l'as promis, un jour, un soir, ou peut-être au téléphone je ne sais plus mais c'est ainsi.

 

Les pies sont criardes, voleuses, elles prennent plus qu'elles ne donnent, je sais qu'elles n'ont pas bonne presse du côté de la porte de Saint Cloud mais tout cela sent l'iniquité et je ne peux en aucun cas admettre ce procès bâclé où l'on oublie la nappe à carreau et tant d'instants tâtonnés entre les mots et le bonheur simple d'être ensemble.

 

Sans orgueil (mais tout de même !) je suis perdue, tu as gagné.

 

Je ne peux rien pour moi-même mais peut-être pour toi.

 

Ce soir j'allume une bougie orange dans la coupe libanaise, un soleil orange pour une nuit sourde qui portera mes voeux vers toi.

 

A toi

 

Savannah

 

Epilogue

 

Malcom ne répondit jamais à aucune de ses lettres ni  à aucun appel téléphonique. Savannah chercha encore quelques temps une explication rationnelle à ce silence. Elle parvint seulement à savoir qu’il avait effectivement eu des ennuis professionnels et elle l’aperçut un soir de loin dans le quartier de Saint Cloud où il habitait. Ce fût tout. Savannah me confia une enveloppe qui contenait un CD des mails qu’ils s’étaient échangés. L’été suivant Savannah vint passer quelques jours avec nous en Bretagne. Comme le temps était maussade, elle décida de partir pour l’Espagne. Je reçus plus tard une longue lettre de Madrid (Savannah avait provisoirement renoncé aux mails) où elle me racontait sa rencontre providentielle dans le Talgo avec un anglais qui lui avait quand même annoncé qu’il était à demi marié, « Tout sauf un vieux garçon ! » précisa t’elle avant de jurer qu’elle était bien décidée à apprivoiser le temps. Ils s’installèrent ensemble en septembre à Hampsteadt, dans ce quartier au nord ouest de Londres où tout écrivain rêverait d’habiter. Quelques mois après Savannah, me téléphona pour me donner toute latitude d’utiliser sa correspondance avec Malcom.


Elle paraissait heureuse et me déclara qu'elle avait définitivement renoncé à  écrire, même son journal, et s’était remise à la peinture.


Avant d'entreprendre la publication de l'Orange de Mars, j'eus la tentation de prendre contact avec Malcom puis je me souvins de cette dernière condition que m'avait imposée Savannah pour une publication de ses lettres :

" Je te demande une seule chose : de les publier telles quelles, sans  rien y changer et surtout, de ne pas chercher à rencontrer Malcom"


J'en conclus que Malcom n'avait peut-être jamais existé, qu'il n'était qu'un personnage issu de l'imagination de Savannah.