L'orange de Mars 14 - Faut-il considérer la lecture comme un plaisir
Faut-il considérer la lecture comme un plaisir ? Un effort nécessaire qu'un lecteur bienveillant et attaché fait naturellement en attendant l'événement ou bien tout simplement de meilleures pages ? En publiant ces lettres de l'Orange de Mars, j'en suis venue à m'interroger sur ce qu'un lecteur de blog attend ou tout du moins espère, en parcourant des yeux ces pages qui s'enfoncent avec le temps dans la nuit des articles archivés.
Tout en continuant à publier ces pages qui parlent d'un lien aussi indéfinissable que celui qui nous lie (vous lecteur à moi qui ne peux jamais m'empêcher d'écrire) je réfléchis à cette histoire qui me vient au matin et que j'aimerais partager au fil des jours. Un roman qui ne serait qu'ici, pour vous, et dont vous pourriez influencer le cours... Est ce un rêve ?
Je vous livre Malcom, ses doutes et Savannah dans ces derniers jours avant avril. Et puis je repenserai après vous avoir lus à cette histoire qui me brûle les doigts.
De Malcom à Savannah
Date: dimanche 30 mars 2003 20:12
Savannah,
Vous ne m'avez pas blessé mais sembliez être, en effet, dans une certaine tension dans laquelle, au-delà des incommodités et oublis, la fatigue est « tourmenteuse ». Mais je ne saurai vous en vouloir quand vous avez la délicatesse de me donner tant d'attention.
Vous comprenez bien que mes blessures ne seront pas le sujet de ce mot qui se veut apaisant et l'expression de mon plaisir à vous lire avec ou sans retenue. La musique des mots et le rythme que nous leur imposons peuvent être si variables, au diapason de nos tensions, respirations ou exaspérations.
Reparlez-moi de cette surprise à me lire parfois, de cette inquiétude. Les couleurs de l'aube ont en certains endroits des résonances qui défient les siècles. Que de fois des sensations picturales sont venues s'associer à l'éveil du jour.
Je vous espère bien rentrée et vous embrasse
Malcom
De Savannah à Malcom
Objet: de la virtuosité et du dommage collatéral
Date: dimanche 30 mars 2003 21:58
Malcom,
Ah quelle maîtrise ! Vous vous plaigniez de l'oral mais vous avez quelque avantage à l'écrit, j'en conviens... Ceci dit, La virtuosité me fait peur, en écriture comme en musique et j'aime à penser qu'un jour, nous tomberons les masques pour n'être plus que nous-mêmes... Nous n'en sommes pas si loin je le crois; dans cet art consommé que nous prenons à prendre la plume je sens beaucoup plus de réserve et de 'retenue' que de mystification.
Contrairement à vous, qui me semblez être extrêmement policé, il y a chez moi un être frustre, violent, passionné (certes sensible) qui parfois enverrait bien promener cette syntaxe contournée et si correcte... Avril me sera peut-être propices car les mois se suivent et ne se ressemblent pas. Je vous ferai grâce ce soir de ma prose envahissante et cherchant des mots pour la nuit, je vous dirais simplement : très bonne nuit Malcom, je vous embrasse.
Savannah
à suivre