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Sybille de Bollardière
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L'envie, poème

28 Février 2023, 14:06pm

Publié par Sybille de Bollardière

 

Photo ©Cypora Petitjean-Cerf  "Crépuscule"

L'envie

 

Chaque jour et puis demain 

Dans la nuit de décembre et celle de juin 

Pour que rien ne change et que tout recommence 

L'écriture des jours, le silence des mots 

Un soleil orange dans le bleu du soir 

Et son reflet dans l’âme d'une ville 

Ma ville et ce qui la dépasse, l'encercle 

En périphérie comme le temps, l'oubli 

Qui lentement desserre l'étreinte d'hier 

 
Mais peu importe les routines du chagrin 

Le ciel rincé dans l'image du soir 

Chaque jour travaille au corps et lentement décolore 

La ronde des mots éparpillés, les "demain encore" 

Cette laisse de mémoire qui nous tient enchaînes 

Et soudain dans le bleu de la nuit 

L'oubli comme un orage pour que demain, chaque jour  

Tout recommence, l'envie. 

 

28 février

 

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L'auteur, poème

16 Février 2023, 10:34am

Publié par Sybille de Bollardière

L’auteur

J’avance dans un livre comme à marée basse
A pas lents à chaque page
Cherchant entre deux eaux, entre deux mots
L’auteur ou croyant le découvrir
Guettant dans sa lexie, l’idée, ce qu’il aurait voulu dire
Et qui serait “resté dans l’encrier”
L’oubli de ce qu’il aime ou aurait aimé
Son hésitation, ses silences ou au contraire
De longues phrases étendues sur la page
Comme une laisse de mer sur le sable oubliée
 
Dans un livre l’auteur c’est celui que je préfère
Sur l’estran de la page où il s’est abîmé
Dans ce surplus de matière ou le lecteur se perd
Parfois trahi par un paysage revisité, saturé d’émotion 
Et soudain il est là, l’auteur nu, en lui-même
En lumière, comme un coquillage offert au jusant.
 
16 février 2023
A Barth et tous les autres...

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Les nuits d'Antibes, poème

13 Février 2023, 15:19pm

Publié par Sybille de Bollardière

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les nuits d’Antibes

Au coeur de l'hiver, du fil des souvenirs
tisser les nuits abrégées
L'enfance ou ce qu’il en reste
Réminiscences d’une saison dans le sud
La couleur de l’aube, le parfum des pins
Et, dans la rumeur des cigales ou la touffeur de midi
La gifle muette du désir
 
Délaissant la sieste et l’ombre rayée des persiennes
La trace de mes pas signait ma fuite vers le jardin interdit
Paradis au goût de muscat et d’orange
D’où je guettais dans la chaleur froissée des eucalyptus
L’oeil noir de mon étrange  minotaure 
 
Il aimait la mer, ses fruits et ses mystères
Mais les jours de vent, délaissant la côte
Il ratissait les fanes du soleil à l’ombre des oliviers
Sombre et majestueux dans ses silences
Mon géant mutique régnait sur la colline 
Avec des yeux plein d’abîme et de ciel, 
Un dos puissant, une blessure secrète
Avant de redescendre torse nu et sac à l’épaule
Vers la rumeur du port et la mer étincelante.
 
Cet été-là, dans la lumière de mes dix ans
Pour le fils de Pasiphaé et d’un monstre aphasique
J’ai rêvé d’être femme ou vague des tropiques
De faire danser la mer de ce sombre marin
Pour l’emporter libre, la nuit sous les étoiles
Vers les feux balayés du phare de la Garoupe
Et plus loin encore aux limites du monde.
 
13 février 2023

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Impression

2 Février 2023, 21:25pm

Publié par Sybille de Bollardière

ImpressionImpression
Impression
ImpressionImpression
Ce qui me fascine n’est pas tant l’écriture ou le livre
Que l’acharnement de l’homme sur sa créature infernale
le cœur du monde contre nos tempes
Son battement haletant
Pouls d’une saison de plomb et de marbre
Le cuivre, l’antimoine, la fusion du métal
Dans l'antre où la machine ravale ses sanglots
Et déjà repart poussive et obstinée
Crachant ses cuivres dans la plainte des turbines
Pour que les mots s’alignent.
 
Forge de fiction ou d’illusion, c'était selon
L’effroyable tintamarre sonnait comme un gage de liberté
Promesse d’hypermnésie pour l’homme à venir
Dans le vacarme du monde, une garantie
La confession et le tourment en cicero ou garamond
Le savoir en italique et pour finir
Le silence des mots, l’ivresse du lecteur
Au point que je ne sais plus
si les sentiments dont je parle m'appartiennent
ou s'ils viennent d’un autre que j’ai lu.
 
Poème du jour...

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