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Auteure. Romans, récits, poèmes. Atelier d'écriture, photos.
poesie
Outrenoir
"La tempête mandchoue sablait la départementale"1
Écrivait le poète en marchant dans la ville
C'était avant, à l'aube d'une année que tu n'avais pas écrite
Bien avant l’été de Faro quand tu cherchais déjà ce que tu n'avais plus
Ce que tu n'avais même jamais eu
Tu as tellement manqué que seuls les enfants savaient te parler
Mais que faire du présent à présent ?
Quelle place lui donner quand le passé l'envahit et règle ses comptes
Il est temps maintenant
Et parce qu'il t'aimait et qu'il savait l'écrire en détournant la langue
et son tourment de vivre
Ta place t'attend à la droite du Père parmi les vivants et les morts
Mais ce que tu aimerais toi c'est un présent éternel
Une nouvelle peau de chagrin
Le temps de vivre et d'écrire peut-être même d'aimer
Tout à la chaleur d'un corps, le tien
Libre de composer l'hymne du futur
Une nouvelle géographie des voyages
Loin du pavillon de la tranquillité
Vivre
L'avènement promis
Tu ne mourras point
C'est aujourd'hui que tout commence
Car je te le dis c'est bien des morts
Dont nous tenons notre vie et pas seulement
L'amour inépuisable ici à l’ouest
Où la synérèse divine rime avec heureux
Alors à défaut de gloire et d'amour
Tu échangerais bien quelques mots
Contre un passé plein d’avenir
"Et quand commence t'on de finir ses jours?"1
Tu ne veux pas tourner la page
Tu sais qu'au-delà c’est entrer dans une vie
Qui comme l’amour en image
Ne vous appartient déjà plus
Revenir à ceux que vous étiez
Marcher d'un simple accord sans gravir la pente
Ecrire encore pour ne pas en finir.
Aucune barque ne prendra la mer
Liuniko dit Dominique Mu Ghindo - Moulage en plâtre réalisé en 1846 à l'Ile Maurice par Eugène de Froberville, ethnographe, linguiste et cartographe. Photo UGOsansH. Propriété personnelle.
Nuages
Parce que le monde est tel que nous ne l’avions pas rêvé
Je voyage
Du sable noir des plages des Célèbes
Aux nuit d'orage du Gabon où les crocodiles rouges
Remontent des ténèbres et filent à contre nage
Entre les hautes herbes des tropiques
Partager chaque matin dans l'effusion du jour
pendant qu’un avion détricote un nuage
Ecrire en pleins et en déliés pour témoigner du soleil
Bras écartés sous les oiseaux qui tissent les nuages
Et réparent les saisons à venir
Suspendue dans l'air, le mauve pâle d'un cosmos
L'attente comme une couleur en transparence
Les continents du ciel se dilatent et se frappent
Dans d’étranges combats de cétacés
Entre deux nuages, un isthme de bleu se referme
Soleil de biais dont la lumière s'accroche aux franges d'un cumulo nimbus
Aspirée là-haut par ces archipels célestes
J’écris, penchée sur la page
Pendant que les abeilles s'enivrent du cœur rose des sedums
Les mots n'atteignent rien mais je voyage avec eux
Passagère et libre
Parfois la lenteur nous prend en otage
Pour repeindre le monde sous d’autres couleurs
C'est ainsi que je passe le temps sous les nuages