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Sybille de Bollardière

Eté 2010, cartes postales

4 Août 2010, 16:47pm

Publié par Sybille de Bollardiere

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L’été 2010

 C’est un été particulier, sans autre projet que celui d’aller visiter ceux que l’on aime et qui vous ont manqué. Un été pour rattraper le temps perdu dans la « geôle parisienne » à faire des petits riens pour des gens de peu. Un été pour rassembler pages et images, au fil des jours, du vent et des nuages, de la Normandie à l’Hérault en passant par la Bretagne et l’Auvergne. Un été ouvert comme les pages d’un cahier sur la table de la salle à manger où chaque heure laissera sa trace.

 

Deauville, 15 juillet

Le vent, tout a commencé par le vent sur cette plage de Normandie où les parasols sont restés immobiles comme une armée au garde à vous face à la mer démontée. Dans la baie de Seine les mouettes sont crieuses et les vagues jaune du limon qu’elles charrient. J’avais ce jour-là d’autres yeux que les miens, ceux des enfants face à leur premier été. C’était le moment idéal pour se laver de tout reproche en écoutant les promesses des semaines à venir.

 

Dinard, 24 juillet

Je viens de recevoir une lettre très émouvante d'un éditeur qui, bien que touché et séduit par la qualité de mon écriture et le caractère envoûtant de mon dernier roman, a dû se résoudre à ne pas le publier et ce malgré l’avis positif de l’ensemble du comité de lecture… Yoshka et Piotr le Poulpe, confortablement installés dans le jardin de ma mère où ils ont trouvé refuge pour l’été, ne se lassent pas de la relire en se congratulant mutuellement pour le soutien qu’ils m’apportent dans l’épreuve. Bien sûr tout cela n’est pas grave et d’ailleurs personne de sensé n’aurait la prétention de  prendre un roman écrit en plus de deux mois au sérieux. Piotr me suggère de me reconvertir dans la météo ou l’aquarelle (c’est sûrement l’atmosphère bretonne et  passablement  humide de l’été qui l’inspire). Yoshka, quant à lui, n’émet aucun avis, il l’a décidé, 2010 sera torride ou rien alors, après s’être refait une garde robe aux soldes des « Galeries Dinardaises » il se soigne aux couchers de soleils bretons (qui sont toujours aussi étonnants que ponctuels)

 

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Le salon de ma mère est devenu l’ultime refuge des déçus du climat, de la politique de droite et des idées modérées de tout poil. En pestant contre un ciel obstinément gris, nous en appelons aux vertus radicales d’un patriotisme lapidaire. Quand je repasse les fragments de l’Amour en Zone Inondable tout en rassemblant les débris de l’hiver et tous ceux des souvenirs de tant d’étés ici, c’est  Saint Just  que l’on acclame ou Marx que l’on réinvente, on ne sait plus très bien. Dérouté par nos joutes oratoires, Piotr s’abîme dans la Manche. Yoshka, quant à lui, a regagné sa tour et sa terre d’exil. Nous nous retrouverons plus bas dans l’été à moins que d’aventure, quelque « périgueuse » ou « sarladine » de charme ne le retienne dans la douceur de l’arrière saison.