L'écrivain
Magritte
La Cérémonie
C’est l’heure des adieux et des éloges
Et dans l’arène désertée
Où les voix amies se sont tues
On écarte l’auteur pour dresser sa statue
Je sais que je t’aurais aimé, admiré aussi,
Autant qu’on peut l’être
Même si, et je ne peux l’ignorer
Tu aurais probablement été indifférent
Dur, sarcastique et cruel comme ce regard obscur
Qu’éclaire le duel apaisé de tes mains nouées
Toi que je devine,
Assis ou dressé dans la lumière d’une gloire encombrante
Toi que j’aurais aimé
A n’en pas douter, plus que de raison
Et cela, sans craindre l’âge
L’ultime commémoration des corps
Et cette pause arbitraire que les héros
Se donnent pour image à la veille d’en finir.
Toi qui me cherches encore
Sans pouvoir me nommer
Je t’aurais aimé sans mesure
Comme cet espace où tu t’es réfugié
Au delà de tout
Pour être au cœur des mots
Et d’un essentiel qui n’appartient qu’à toi.
Poème, extrait de "Territoires" 2012