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Sybille de Bollardière

L'invitation - 1 - Passions ténébreuses

23 Janvier 2010, 11:29am

Publié par Sybille de Bollardiere

La page blanche dans "l'entre-deux" des récits s'est murée dans le silence et le poème est retenu ailleurs alors, j'ai choisi l'invitation, ma page ici, ouverte aux citations et que ces mots recopiés prennent forme de voeu, de partage aussi.


"Triste corps colonisé par le vide
Sans un record à signaler
rien au fond
rien à l'entour
absolument rien
rien pour stimuler les fêtes guerrières.
Au point de départ, l'on était plusieurs à surveiller le bruit de la pendule, la lente expulsion des jours. avec patience nous attendions. En suspens, La musique tramée par nos oreilles fît murir les fruits dérisoires de nos cerveaux qui, sous l'effet de la pourriture, se transformèrent aussitôt en bouillie répugnante. Tout s'est désagrégé. Les innombrables tic-tac rythment les obsessions et les bégaiements de la tribu. Les insectes au vol, échappés de la trotteuse, n'habitent évidemment pas d'autre lieu que le silence bourdonnant."

"Gloire à tous ceux-là qui de leurs cris tissent les feux de l'aube !
Le poète rêve d'en faire partie."

"Ombre nerveuse à texture de chaos
Notre amour qui nous torture sans que nous en sachions la cause. Mais ombre vivante, quoique ruse indéchiffrable de nos mains nouées autour d'un arbre sans racines et aussitôt dénoués dans le vent borgne de midi. Le dieu né de nos passions, tantôt nous rapproche, tantôt nous sépare, faisant de chacun de nous un martyr écorché vif. Rage pure aux nervures du désir.

Une fois la nuit tombée, nous tentons de raccommoder notre amour. La réconciliation ne tardera plus malgré l'insupportable asservissement de nos lèvres à des mots de vengeance et de reproche. Tempêtes. Toutes les passions sont ténébreuses. Nos chenilles nous dévorent. Violence toujours neuve. Nos étreintes fougueuses. Je soigne mes démons irascibles. ma rage inextinguible. Un galop de cheval dans tes cheveux rebelles. je voudrais que rien ne m'arrête. Anarchie dans le noir. Nos corps enlacés. Vaines les promesses, car au lever du jour l'ombre à nouveau mangera sa part de clarté partout où tu mettras les pieds.
Et chacun, de son côté, revivra tout seul un impossible amour, pourtant l'unique qui soit vrai parce que nourri de douleur."

Frankétienne
Ultravocal - Editions Hoëbeke
Collection "Etonnants Voyageurs"
avril 2004


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