Vent et pluie à Sifnos - Journal de Grèce
Baie de Chrysopigi et le port de Faros
Mardi 15 juin 2021,
Ce que je ressens de cette île affleure sous le paysage. En bleu et blanc de saison, fardée offerte et détournée de ses chemins, Sifnos n'est qu'une carte postale pour des Ulysses bohêmes. Une autre réalité l'habite, une chair sèche et jaune à l'abri des murets de pierre qui lacèrent le paysage des collines. Dès que l'on quitte le bleu marine des criques, tout n'est plus que fracas dans ce décor où les hommes d'un autre temps ont gémi sur leur bêche ou leur pioche. D'où je le tiens ? Du silence recueilli dans dans le froissement des roseaux, du cri des corbeaux qui survolent inlassablement cette île austère que ni les demeures luxueuses, ni les églises fraîchement blanchies n'ont le pouvoir de démentir.
Le secret des pierres c'est de n'en pas être un justement. Après la pluie, je regarde chaque ancienne terrasse autrefois cultivée, sous le somptueux gris d'un soir d'orage comme une pierre tombale.
Ici plus qu'ailleurs je prends conscience de notre capacité d'illusion. Sifnos n'est pas un paradis mais une terre de mémoire, un sanctuaire offert aux éléments. Le gris lui va bien… A moi aussi. Je prépare le prochain thème de l'atelier d'écriture en ligne, ce sera l'île…