Nuages
Parce que le monde est tel que nous ne l’avions pas rêvé
Je voyage
Du sable noir des plages des Célèbes
Aux nuit d'orage du Gabon où les crocodiles rouges
Remontent des ténèbres et filent à contre nage
Entre les hautes herbes des tropiques
Partager chaque matin dans l'effusion du jour
pendant qu’un avion détricote un nuage
Ecrire en pleins et en déliés pour témoigner du soleil
Bras écartés sous les oiseaux qui tissent les nuages
Et réparent les saisons à venir
Suspendue dans l'air, le mauve pâle d'un cosmos
L'attente comme une couleur en transparence
Les continents du ciel se dilatent et se frappent
Dans d’étranges combats de cétacés
Entre deux nuages, un isthme de bleu se referme
Soleil de biais dont la lumière s'accroche aux franges d'un cumulo nimbus
Aspirée là-haut par ces archipels célestes
J’écris, penchée sur la page
Pendant que les abeilles s'enivrent du cœur rose des sedums
Les mots n'atteignent rien mais je voyage avec eux
Passagère et libre
Parfois la lenteur nous prend en otage
Pour repeindre le monde sous d’autres couleurs
C'est ainsi que je passe le temps sous les nuages