Il y a des jours comme ça...
Il y a des jours comme ça où l’on rentre chez soi, émue d’avoir rencontré ou côtoyé des gens admirables ou tout simplement merveilleux. C’était hier pour moi : le matin sur la ligne 13, coincé entre deux stations, un wagon de sardines entassées verticales et suantes - dont j’étais- et au milieu un charmant bébé et ses parents. Tous trois, peau d’ébène, frais, souriants et paisibles malgré l’attente et l’énorme poussette. Contagieuse sérénité ! On était presque déçus de se retrouver tous délivrés et seuls sur le quai après ces longues minutes de patiente
Plus tard dans un train vers l’ouest une jeune fille à lourde frange rousse regardait le paysage défiler avec tant de douceur que je l’imaginais partant en vacances ou rejoignant un amoureux. Pas du tout, ce n’était que son chemin de croix quotidien : une heure et demie matin et soir assorties de quarante cinq minutes de voitures et de métro… Pourquoi tout cela ? « Parce que c’est difficile de se loger à Paris quand on est étudiant… » Elle rajouta simplement « Mais cela me permet de vivre encore un peu chez mes parents et puis j’aime cette région… » Elle baissa les yeux en souriant à l’arrivée d’un SMS et je plongeai dans mes notes…
Le soir, non loin d’un feu de bois et devant une belle nappe tissée d’Afrique j’ai mangé une délicieuse omelette aux rutabagas percherons et champignons des forêts finlandaises et c’est le monde entier qui m’a paru merveilleux.
Là où j’habite est une chance, celle d’écrire le livre d’une vie silencieuse, presque recluse, un livre où les minutes s’écouleraient au rythme des nuages défilant sur la cime des arbres. Je viens de finir un roman et déjà une autre histoire surgit entre les lignes, une autre folie, un autre désert. La vérité est mortelle parfois, c’est pour lui résister que l’on devient écrivain.