je ferais mieux d'aller marcher
Mais la mer est loin, les fleuves aussi et j’aime arpenter droit en lisière d’eau, l’espace et le vent. Alors ce matin, faute d’embruns, je lis et note ciseaux en main. A propos du « bon écrivain » un brevet difficile à obtenir qui ne vous facilite ni les prix littéraires, ni les ventes, mais fait tellement plaisir à votre mère, Chevillard écrit :« Le mètre étalon c’est la phrase…» Oui, c’est la performance mesurable de l’écrivain, son saut en longueur, il en reste souvent le cul dans le sable mais content d’y mettre enfin le point.
Eric Chevillard fait partie de ceux que je lis le matin pour donner un sens à ma vie ; c’est l’âme secourable de la littérature sur son blog l’auto fictif - à dose infinitésimales, à mettre sur la langue et à garder en bouche avant d’avaler lentement - ou dans le Monde des livres. Chevillard parle si bien des romans qu’on le lit pour lui-même, pour ce qu’il en dit et qui nous offre plus peut-être que le récit qui nous attend en librairie. Je like Chevillard.
Emprunts à défaut d’inspiration : Dieu serait un psychopathe surhumain. Sans me départir d’un certain respect pour celui que j’honore régulièrement de quelques cierges, j’avoue que je souscris à la vision. Il faut être puissamment dérangé pour orchestrer avec maestria un désordre millénaire et intime dans une telle superproduction. Les croyants son sado-maso - je crains d’en faire partie - mais Dieu est bipolaire, ça ne fait aucun doute.
Et je lis aussi ce matin que « ce qui rend éminemment dangereux l’individu stupide c’est le caractère totalement imprévisible parce qu’irrationnel de sa conduite » (Roger-Pol Droit à propos des Lois fondamentales de la stupidité humaine de Cippola chez PUF) Oui, peut-être... Mais pendant ce temps là, les babouins commencent à découvrir la lecture, pour la phrase je ne sais pas où ils en sont mais l’orthographe, ils aiment ça. Dans quelques décennies on pourra éviter le pilon à nos livres et leur écouler nos invendus à la place des bananes à moins que d’ici là, ils se soient mis à écrire et là on est mal, vraiment mal. Je crois que je vais aller marcher…