L’automne, les « maîtres du monde » et les jours d’après
Dessin : La Défense... Pierre-Elie Ferran, novembre 2005
« L’ivresse et la littérature ont toujours été le refuge des invalides » peut-on lire dans le dernier Nouvel Obs… La nature aussi parfois, surtout celle des campagnes reculées où l’on peut observer la vie, la sienne, celle des autres, le monde et son évolution de loin comme un paysage où la variation des saisons offre de nouvelles perspectives qui aiguisent le regard : Il n’y avait pas ça là, avant… Ce détail, cette ombre… Et puis cette eau qui monte plus haut chaque année… Le refuge, en altitude, alcoolique ou bucolique, que l’on écrive ou pas, c’est aussi l’endroit où l’on ouvre des livres déjà lus pour y faire jaillir des mondes nouveaux, des métaphores pour éclairer la nuit de novembre. Il faut du temps pour cela, du temps pour épier la vibration du silence, son froissement seulement interrompu par celui de la page tournée.
Novembre c’est le temps retourné, labouré, qui prend l’air sous les vols de corbeaux, c’est aussi le cœur de l’automne, ce luxe de zone tempérée dont il faut savourer chaque instant. C’est une saison en demi-teinte, une douceur tout en couleur sur les lisières qui s’offrent aux derniers soleils. Le matin souvent, la buée s’installe au carreau et filtre le paysage qui se noie dans la brume. On en a fini avec cette interminable rentrée, ses prétentions et ses désastres. New-York panse ses plaies dans le blizzard et fait mine d’oublier que ça recommencera… Soulagement, Barack Obama a été réélu. Moi aussi j’aurais aimé l’embrasser comme si le calme et l’espoir était revenu, même en France, à Paris où l’Elysée est moins que jamais un paradis. « Au risque de décevoir » deviendra peut-être sa devise, mais IL prendra son temps, ce qui est rassurant finalement.
Réinventer la croissance ne l’est pas vraiment, quant à la souveraineté nationale, à moins d’un raz de marée sur Bruxelles et d’un tremblement de terre à Berlin, on ne voit pas bien comment on la retrouverait. Qu’importe à la Chine qui aborde novembre avec de grands projets. Après avoir customisé le communisme façon capitaliste à l’abri du protectionnisme, elle se lance dans l’édification de la cité financière du futur, une ville aussi démente que funeste, aux antipodes des campagnes chinoises où la terre jaune et les villages sont aussi pauvres qu’avant. Le monde choisit ses grands hommes comme si la misère était moins scandaleuse quand le PIB d’un peuple grimpe...
La croissance toujours et bientôt la Chine même avec Xi Jinping, cessera elle aussi, d’être souveraine. Dans les campagnes l’hiver arrivera plus tôt, plus froid, l’été aussi, plus extrême, plus sec et puis on parlera du climat, de ses conséquences comme si on avait oublié que depuis des millénaires, c’est lui le seul maître du monde…