Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Sybille de Bollardière

Ludmila K. et Le poulpe érudit

21 Novembre 2010, 18:52pm

Publié par Sybille de Bollardiere

Piotr se remit plus vite que prévu et le séjour au 9 ème étage Nord ne fut plus bientôt qu’un mauvais souvenir. Une surprise l’attendait dans le Perche où nous avions prévu de passer sa convalescence. Déçu de ne pouvoir publier Yoshka dont les nouvelles érotiques qu’il nous annonçait depuis des semaines n’étaient toujours pas prêtes, il feuilletait négligemment un manuscrit lorsque je l’interrompis dans sa lecture :

- Elle t’attend dans le salon !

- Comment ça ? De qui tu parles ?

- Mais de Ludmila K. dont tu lis les poèmes depuis plusieurs mois et que tu rêves de rencontrer sans vouloir te l’avouer.

Piotr fit une grimace assortie d’un frémissement de tentacule et se dirigea vers le salon où l’attendait  Ludmila.

Dès les premiers instants il fut fasciné et perdit le peu de professionnalisme qu’il avait réussi à acquérir. Ce n’était plus un éditeur et finalement assez peu un poulpe. Il ressemblait à s’y méprendre à un quinquagénaire maladroit pour ne pas dire grotesque dans sa tentative de séduction.

piotr-et-ludmila2.jpg

 

Sage comme une image dans sa petite robe noire, Ludmila le regardait se débattre dans ses contradictions. Piotr commença par lui déclarer qu’il aimait beaucoup son style et qu’il ne mettait rien au dessus de la poésie puis il se rétracta quelque peu en lui assénant que ce qui importait avant tout c’était le récit. Ludmila eu beau lui déclarer d’une voix légèrement agacée que son manuscrit ne comportait que des poèmes et que si certains étaient en prose ils n’avaient pour autant aucun rapport avec un récit, il s’obstina :

- Oui, bien sûr, c’est ce que je regrette… Même si ce que vous écrivez … Enfin, vous n’auriez pas un roman ou même quelques nouvelles parce que vous comprenez, pour une première publication…

Ludmila comprenait très bien, elle émit un soupir puis jeta un regard vers la fenêtre avant de répondre :

- Ecoutez, il se fait tard et je voudrais rejoindre la côte avant la nuit. Je vous laisse mon texte et vous me rappellerez si vous le souhaitez n’est ce pas ?

Ludmila se leva et se dirigea vers l’entrée où je l’attendais. Je ne pus m’empêcher d’ajouter :

-Laissez-lui une chance Ludmila, ce sont ses premiers pas dans l’édition…

En collaboration avec Pierre-Elie Ferran