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Sybille de Bollardière

Un dimanche à Montmartre

18 Décembre 2013, 11:09am

Publié par Sybille de Bollardiere

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Lisières rousses posées sur le ciel pommelé de décembre, un matin plus lumineux qu’un autre puisque je l’éclaire au soleil d’hier, revisitant nos pas et la douceur d’un dimanche de l’avent à Montmartre. J’ai toujours aimé ce lieu, tout autant que l’approche de noël mais enfant, la grâce de l’instant vous échappe. Trop préoccupé par ce que l’on souhaite, tenaillé par ce que l’on veut par-dessus tout, on ne prête que peu d’attention à ce qui s’offre aux yeux, on regarde rapidement le décor en se disant qu’on reviendra.

Comme toujours les touristes et la foule se pressent auprès des chanteurs de passage, ce jour-là, choral fraternel qui rappelle les « poetic lover ». C’est beau et sirupeux comme un chant de noël et on en redemande adossés contre le mur d’en face. Pour quelques lignes j’emprunte un « nous » qui ne m’est pas habituel, ou plutôt je le retrouve Lui, marche dans les pas d’un autrefois qui n’est pas si lointain. Le long des ruelles, je renoue le fil de nos silences, les siens, et revois son visage penché sur la ville en bas où rien ne se passe comme on le voudrait parfois. C’est le moment de mettre le soleil sur tous les gris passés parce que nos vies ont changé et que son bonheur à lui a toujours été la source du mien.

Après la place du Tertre et jusqu’aux pieds de la basilique, un marché étale ses cabanes de vin chaud, marrons, confiserie et autres charcuteries dans les couleurs de noël.  Accordéon, orgue de barbarie, concert sur les marches, c’est toujours la même chose et pourtant ça marche, la surprise, le bonheur au milieu du kitch et des chromos parce qu’une magie enfantine subsiste dans ce lieu en dépit de tous les vernis qui le recouvre. Ça tient à sa disposition, Montmartre et sa basilique plein sud sur la ville qui l’entoure comme son Taj Mahal, Paris qui sert d’écrin, de présentoir à ce village dont il a la nostalgie. Ça tient aux pavés, aux maisons basses et blanches, aux fenêtres à six carreaux où l’on se rêve villageois d’un jour.

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Plus loin un jardin s’est perdu dans l’hiver, c’est un sujet de tableau à emporter, une vision que l’on cadre de ses doigts pour lui appartenir. Il y a toujours quelque chose de soi que l’on aimerait laisser là. Pour moi c’est fait depuis longtemps, je n’avais pas douze ans que je me perdais déjà dans ces ruelles aux heures buissonnières. Pour nous, pour Lui que j’accompagne, c’est en passe de devenir un rituel de retrouvailles, de reconnaissance aussi. Tout a changé et en bien, oui je le crois. De cette ville que j’ai connue noire et sombre nous n’avons plus rien à craindre. En redescendant nous croisons les « Poetic brother » et leur complainte au milieu de la foule qui les entoure. "Nous" reviendrons...

 

L'album Photo Montmartre