De l'été qui s'en va
Les teintes d'encre d'un ciel de pluie
La vie immobile
comme on retient ses larmes
dans l'attente d'un baiser
Plus seule que la page d'un livre
J'invente mon lecteur
Comme un malentendu
Dès les premiers mots
Je vais à sa rencontre
marchant vers l'inconnu
Tout attendre de lui
Exister en écrivant
Plus seule que la page d'un livre
Tendue vers l'impossible aveu
Et lui, l'autre que la page délivre
Fragile et dépossédé
D'une vague comme d'un silence
Effaçant d'un mot la sentence
L'absence ou l'immobilité
Nul seigneur je n'appelle, et pas de clarté dans la nuit. La mort qu'iL me faudra contre moi, dans ma chair,
prendre comme une femme, Est la pierre d'humilité que je dois toucher en esprit, Le degré le plus bas, la séparation intolérable D'avec ce que je saisirai, terre ou main, dans l'abandon
Sans exemple de ce passage Et ce total renversement du ciel qu'on n'imagine pas. Mais qu'il soit dit ici que j'accepte et ne demande rien
Pour prix d'une soumission qui porte en soi la récompense. Et laquelle, et pourquoi, je ne sais point : Où je m'agenouille il n'est foi ni orgueil, ni espérance. Mais comme à travers l'œil qu'ouvre la lune sous la nuit. Retour au paysage impalpable des origines, Cendre embrassant la cendre et vent calme qui la bénit.