Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Sybille de Bollardière
commentaires

L'issue de secours

25 Mars 2010, 20:36pm

Publié par Sybille de Bollardiere


IMG_0631-copie-1.JPG

Autrefois, j'aimais mars, ses promesses ou plutôt les vélléités d'un printemps qui s'annonçait comme tous les printemps, léger. j'aimais flaner dans la ville et rêver d'y croiser un ami perdu de vue, un air de musique ou encore un petit coin de soleil à l'angle d'une rue. J'étais libre et marchais nez au vent avec des bouts de poèmes sur la langue et une écharpe de mots. Et puis il y a eu Yoshka et les autres, tous ces personnages avec leurs désordres et leur manie de vivre à l'ombre tout en rêvant de lumière et maintenant, c'est moi qui ai le coeur à l'envers... A force d'écrire, de courir après le temps, les mots... Alors, quand ils me demandent :
-Mais tu es qui toi ?
Je réponds, agacée
- Mais qu'est ce que vous croyez ! Moi, "je ne suis pas" j'écris...

L'écriture parfois me rappelle les confitures de trois jours que nous préparions avec les maltaises... Le premier jour on laisse tremper, le deuxième jour, juste quelques bouillons et on laisse reposer et puis enfin le troisième jour on ajoute le sucre et c'est parti pour la grande ébullition... Quand le sirop prend, on met en pot et le lendemain on couvre... Ah quel bonheur ce sera de couvrir le travail bien fait ! j'en rêve ,mais l'issue de secours, ce n'est pas encore pour aujourd'hui... Allez, je file travailler !

Voir les commentaires

commentaires

Transports

15 Mars 2010, 21:57pm

Publié par Sybille de Bollardiere

ennui21-copie-1.jpg 

 

Transport en commun le long du Luxembourg
Et des lambeaux d’amour accrochés aux grilles
Quand le 82 remonte la rue Vavin
Aussi étroite que mes souvenirs qui se balancent au vent
Comme les fruits des platanes dans leur décor d’hiver.
Plus loin Raspail et ses croisements de mémoire
Quand Beauvoir faisait traverser Sartre, ici
Où je passais avec mes vingt ans
Mon carton à dessin
Et l’âme poète au bout du fusain.
 
La Grande Chaumière n’est plus très loin
Et aussi cet Atelier au temps suspendu
Où je posais dans les courants d’air
Pour un œuf dur et une leçon de perspective
A la coupole, steak au poivre et profiteroles
J’échangeais cheveux blonds contre yeux noirs
Et la verticale amnésique, je repartais vers le Maine
Façades nord, aussi chères, mais suantes d’ennui
Au cœur noir des vitrages.
 
Le 82 gémit contre l’asphalte
Et quand j’entends Vaugirard
Je sens l’amour à bout de bras,
Dans les rotatives du siècle
Et maintenant l’épilogue silencieux à Duroc
En mémoire de ce qui n’a pas eu lieu
Je descends
Absente comme les années traversées
De Maillot à Luxembourg en 82
 
Mars 2010

 

Voir les commentaires

commentaires

Le ciel de Paris, ses silences...

14 Mars 2010, 21:00pm

Publié par Sybille de Bollardiere

IMG_0573-copie-1.JPGIMG_0577.JPG
IMG_0567-copie-1.JPG


Le ciel de Paris, ses silences sur les berges,
Un couple et ces mots que l'on désigne d'un geste,
Là-bas, à l'Est
Un voyage, un retour ou simplement un souvenir
Là-Bas,
Il disait ça souvent du temps que nous parlions
De tout, de rien,
Dans la lumière des jours à écrire
Des jours à devenir grands,
Grands écrivains ou grands enfants
Main dans la main sûrement

Alors maintenant que je me condamne à la silencieuse et ingrate saison de l'écriture d'intérieur - toujours au printemps ou du moins quand il s'annonce - je pense à ces berges amoureuses, au bleu d'un ciel convoité, et rassasiée d'images, je file à ma copie...



Voir les commentaires

commentaires

Les normales saisonnières et autres nouvelles...

6 Mars 2010, 13:12pm

Publié par Sybille de Bollardiere

 

IMG_0580.JPG

Canal Saint Martin 5 mars 2010 à 15heures

Ce matin il fait 5° à Paris, -23° à Tignes et  que -22° à Irkoutsk ce qui tendrait à prouver que nous sommes, à l’Ouest de l’Europe, réellement en dessous des normales saisonnières. Vous remarquerez que les normales saisonnières sont plurielles; j’imagine qu’elles se déplacent en bande, uniquement  limitées par deux bornes : la borne dite inférieure et l’autre borne, la supérieure. Peu importe à Yoshka qui se morfond dans le canapé avec son 36°5 d’épuisement protéiforme. J’ai installé des thermomètres partout, des antiquités subversives au mercure auxquels je tiens comme à la prunelle de mes yeux. Si celui de ma terrasse affiche 4°, non loin du refuge de Yoshka, il ne fait pas moins de 24°. Ce sont les "Tropiques du Chesnay," un micro climat idéal pour un personnage en attente d’auteur. Mais le ciel est bleu, agité et j’aspire à ce froid qui souffle de l’Est et m’attire vers la ville, Paris dans sa lumière en ce début mars.

J’arpente les quais, longe des murs nostalgiques quai d’Anjou où la figure fantasque d’un Baron a sans doute été remplacée par un de ses pâles héritiers. Après les fêtes splendides et décadentes, voici venu le temps des banques et des normales saisonnières… Yoshka n’aurait pas dû rater ça. Le pont Henri IV est splendide et la Seine l’entoure de ses reflets. J’ai du temps, un rendez-vous plus au nord, quai de Jemmapes et j’ai décidé de suivre l’eau pour y parvenir. C’est facile : descendre un peu la Seine et tourner à droite vers la Bastille, le boulevard Richard Lenoir.

Paris Nord frissonne le long du canal Saint Martin ; les bobos vont à vélo avec les petits dans le dos et prennent leur café en terrasse au pâle soleil de mars… Pour moi, un petit noir bien sucré dans la salle en faux marbre d’époque. Un marbre « peint à la main » patiné de nicotine et de sueurs d’absinthe, je veux y croire. Les ampoules et les suspensions de verres dépolies sont probablement d’époque tout comme la réclame pour une boisson dont j’ai oublié le nom. Au sol, que balaie soigneusement une sorte de géant cosaque à moustache, le carrelage est digne de l’Hôtel du Nord en version originale, une frise rouge basque et bleu de cæruleum le décore avec quelques touches de Sienne clair.

La note exotique vient d’ailleurs, j’en cherche le nom, nez en l’air, le stylo à la bouche quand mon cosaque vient m’avouer dans un accent rocailleux qu’il est des Balkans et que la musique que nous écoutons est juive. C’est un nostalgique d’un temps qu’il n’a pas connu, il aime les duels de trompette comme moi les duels d’écriture. Il n’a pas commencé le sien et s’émeut  déjà à la bière d’une langue moribonde. Qui parle yiddish maintenant ? A part Yoshka bien sûr qui parle les langues maudites comme d’autres les langues mortes. Ah! Comme je le regrette ! J’aurais dû l’emmener de force. J’aurais aimé qu’il découvre ce coin de Paris dans la lumière de mars, le reflet du soleil sur le canal, la fumée des passants et les platanes dénudés sous l’assaut des corbeaux. Un bateau passe au fil de l’eau pendant un solo de trompette :

"O veï mir"*,  je t’entends Yoshka et je crois bien qu’au fond de cette salle tu m’aurais souri.

Et maintenant les voix gémissent et je viens de si loin que tu ne le sais pas. En ce temps là, à Odessa et à Irkoutsk on ne parlait pas des normales saisonnières et j’avais un nom qu’on ne prononçait pas Yoshka…

Le cosaque a fini de nettoyer la salle et me tend une coupe de champagne. J’hésite, il n’est pas 15 heures tout de même… Il me montre de la main l’ardoise de la salle :

Offre du jour

Champagne : un premier cru brut de Chailly

« Elégant, belle attaque vive sur une touche finale d’agrumes. Le tout sous une pluie de bulles fines et fondantes »

J’accepte. Des bulles… Voila qui vous fait remonter « les normales saisonnières », sauf qu’à 16h, j’ai rendez-vous avec mon éditeur pour les corrections de mon roman...

- Mazel tov Yoshka !

* Pauvre de moi ! En yiddish

Voir les commentaires

1 2 > >>