L'ouest et L'intranquille de la rentrée
Lundi 30 septembre 2013
C’est demain que je pars, seulement demain mais je ne suis déjà plus là. Une lumière jaune s’est levée sur le soir gris, une lumière inutile avant la nuit qui vient, s’avance déjà dans les ombres qui s’installent, glissent des lisières vers la vallée. Demain l’ouest, Le pays où il ne fait beau que le soir, le festival du cinéma Britannique et quelques films que je ne veux pas rater : Summer in February de Christopher Menaul, Shell de Scott Graham, For those in peril de Paul Wright.
J’emporte le livre de l’intranquillité de Pessoa et un autre intranquille de la rentrée que je tiens particulièrement à relire (oui, j’ai eu l’honneur d’une version provisoire et j’ai hâte de retrouver la prose de Pierre Mérot dans Toute la noirceur du Monde que je viens d’acheter. Lire du Mérot en ce moment ça fait du bien, c’est un peu comme rouler en décapotable dans un défilé pour ou contre le travail du dimanche.
« Ensuite, je suis entré dans la chambre. Elle dormait, masse informe sur un lit à roulettes. Au-dessus, il y avait un crucifix et un néon. Le néon, détraqué, clignotait. J'ai pensé à Bamby. Ça sentait la soupe. « Maman... » ai-je murmuré. Je n'avais pas prononcé - prononcé sincèrement -, ce mot depuis des années, croyez-le. Par la fenêtre, on apercevait un bout de jardin. La météo prévoyait un orage. La lumière, donc, était légèrement cuivrée. Sur une commode en merisier – enfin, j'imagine que c'était du merisier -, il y avait ses objets proprement alignés dont, évidemment, des portraits : mon père, ma sœur, moi – moi, ma sœur, vers l'âge de cinq ou sept ans, souriant sur des petits rochers. Comment toute une vie peut-elle tenir dans une chambre de douze mètres carrés ? ai-je songé. »
Pierre Mérot
Toute la noirceur du Monde