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Sybille de Bollardière

ça va de soi

28 Septembre 2013, 09:28am

Publié par Sybille de Bollardiere

Bonpapa Houlgate1922

 

Comme les nuages épars qui se rassemblent avant l’orage, des phrases entières me reviennent, des lambeaux d’écriture extraits de livres ou de colloques dont le sujet n’est rien d’autre que l’écriture elle-même.

Et s’il n’y avait que ça quand la fiction cent fois heurtée aux relents de la vie se défait, quand elle vous prend les nuits pour rejoindre vos âmes d’ombre, pour débusquer vos silences et ne plus vous laisser en paix. J’écris que je n’écris pas, je prose dans ma tête d’une encre indélébile l’histoire où je veux vivre, celle où je ne cesse de retourner, d’en repartir parce que comme beaucoup de ces galériens du stylo, je n’en finis pas de trahir, de naître ou d’essayer…

 

« Retrouver par l’écriture ce que l’on a accepté de perdre partout ailleurs... »

Mathieu Riboulet

 

les yeux d’Emma Bovary :

« Renoncer à la catégorisation policière, laisser apparaître la sensibilité atmosphérique du personnage... » « Cultiver le hors sujet (Proust) pour une esthétique de l’existence plutôt qu’une catégorisation... »

Anne Garetta

 

De L’identité revendiquée à travers l’écriture, et ce que l’on mange :

« Je viens des tribus où l’on mange de la viande crue… » « Même sans langage, toute l’histoire familiale fait écho en soi… On baigne dans une mémoire pas encore écrite… L’écriture pour sortir du chaos, pour se rattacher à la mémoire familiale.»

Abdellah Taïa

 

« L’écriture ou Passer à l’acte, expression qui renvoie au criminel, au psychiatrique au sexuel, l’écriture c’est les trois à la fois. »

Marie-Hélène Lafon

 

Des femmes et de leur violence :

« On peut être violente et dominée, dominante et violée... »

Arlette Farge

 

« Le geste généreux d’écrire... » « L’emboitement des hontes... » (juif, gay, fils d’ouvrier)

Didier Eribon

 

Pêle mêle :

Il n’y a pas de nostalgie, c’est fini, plié, la chance d’exister n’a pas eu lieu. L’unité fictive s’adosse à un nom propre… La distance des transfuges sociaux… On ne peut pas parler à leur place même si on en est… (Pierre Jourde) La distance vitale pour le « je » que l’écriture participe à construire… Illusion biographique… Mon pays c'est le chagrin un point c'est tout.

 

Du style :

« Le style, cette commodité à se camper et à camper le monde, serait l'homme ? Cette suspecte acquisition dont, à l'écrivain qui se réjouit, on fait compliment ? Son prétendu don va coller à lui, le sclérosant sourdement. Style : signe (mauvais) de la distance inchangée (mais qui eût pu, eût dû changer), la distance où à tort il demeure et se maintient vis-à-vis de son être et des choses et des personnes. Bloqué ! Il s'était précipité dans son style (ou l'avait cherché laborieusement). Pour une vie d'emprunt, il a lâché sa totalité, sa possibilité de changement, de mutation. Pas de quoi être fier. Style qui deviendra manque de courage, manque d'ouverture, de réouverture : en somme une infirmité. Tâche d'en sortir. Va suffisamment loin en toi pour que ton style ne puisse plus suivre.  

Henri Michaux-Poteaux d’angle