Une autre vie que la sienne
17 septembre 2013
Les ombres s’allongent et il faut bien se résoudre à rentrer, à rester là où le travail se fait dans le quotidien et l’immobilité alors, je repense à La chambre de l’aigle… Je ne suis pas certaine que ça soit le terme exact pour désigner le territoire des grands rapaces, mais pour l’avoir entendu utilisé une fois à propos de cet espace nécessaire à un couple d’aigle royal pour chasser, se nourrir et se reproduire, je ne l’ai pas oublié. Comment l’oiseau délimite-t-il son territoire ? Comment choisit-il ses frontières et sur quels critères ? Est-il sensible à la courbe d’une colline, au cours d’une rivière ? Ici, je sais que si besoin, la mer n’est qu’à une heure et demie, le vérifier régulièrement me rassure. Pour écrire et rêver, je me suffis d’un bureau et de quelques connexions pour m’assurer que je ne suis pas le rêve qui m’habite ni un être virtuel, mais un humain, un vrai et même une femme, ce qui dans mon cas est un détail superfétatoire. Mon véritable territoire est le silence des nuits et celui des petits matins gris, c’est aussi cette ligne de fracture des jours, des saisons où je consigne les changements de lumière, les disparitions, l’absence, avant de fuir sur la toile pour un pillage de mots et d’images. Conquêtes inutiles au goût de poussière sur la langue quand ce que je cherche est avant tout une vie autre que la mienne.