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Sybille de Bollardière
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Famille à écrire... Avec ou sans fiction ?

27 Janvier 2012, 09:50am

Publié par Sybille de Bollardiere

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J’ai souvent rêvé d’une famille ordinaire, calme, paisible. Je l’imagine étalée au soleil d’un éternel printemps dans l’odeur des premiers lilas avec le cri des enfants jouant dans les allées et sur de vastes pelouses, posés au gré de l’ombre des grands arbres, quelques personnes âgées souriantes et heureuses.

     Et rien que d’écrire cela j’ai l’impression de l’avoir vécu, je me vois allant de l’un à l’autre, enfant échauffée d’avoir trop couru, les mains collantes de sucreries, plus grande, tâchée du jus des premiers fruits et puis comme aujourd’hui, témoin ému, repliée, épiant du crayon ou du stylo ce qui ne se reproduira plus, ce qui s’enfuit déjà et même ce qui n’a jamais eu lieu. Et le reste je l’inventerai comme j’ai eu envie autrefois d’empailler ceux que j’avais tant aimé, trop peut-être pour survivre sans dommage aux époques révolues.

      Pourquoi les enfants pleurent-ils dans mes rêves, je me le demande souvent. Parfois si fort que j’entends leur cri me suivre dans la rue, il s’enfle et grandit autour de moi jusqu’à ce que je prenne les armes, stylo en main. Je crois tirer à bout portant mais je ne dis rien, je n’écris rien. Je falsifie, détourne, arrange, trahit et embellit, je restaure parfois mais si peu, si peu.

      Il y a des familles qui se prêtent à l’écriture, non qu’elles le méritent, je pense qu’aucune ne mérite cela, mais disons que cela leur va bien. Pendant des décennies elles ont attendu leur heure de gloire tapageuse dans un confort bourgeois et ennuyeux alors elles acceptent de souffrir un peu et se remettront aussi vite que les livres s’oublient. Et puis il y a les familles comme la mienne, une famille en lambeaux qui se serait rêvée heureuse et qui se réveille à l’occasion, au bord du gouffre en poussant des cris de damnée.

     En d’autres temps les nôtres se nommaient eux-mêmes « la chair à canon », le pire n’était pas de naître femme dans ces familles-là, même si leur droit de parole était aussi ténu que leur choix. Avec la violence en héritage et quelques vertus imbéciles ou dogmatiques, nous n’avons jamais craint l’excès, la démesure, les chagrins et l’immense solitude qui précèdent et suit nos éclats. Je dis nous qui est un mot d’emprunt ; aujourd’hui, c’est le JE qui se pratique chez nous comme ailleurs. Un JE jaloux de ses prérogatives, un peu ivre de ses découvertes, de lui-même, mais souvent très malheureux quand on le laisse tout seul.

      Bavards pour taire l’essentiel, chacun cherche sa voix en protégeant ses sources et moi je leur ressemble, cultivant les secrets qui nous on fait, les amplifiant, les détournant. Alors oui, pour parler d’eux, de moi, de qui j’étais, je revendique la fiction, son armure et l’ombre aussi, celle qui croît sous les grands arbres où l’on évoque les secrets à voix basse pour qu’ils prennent un peu l’air sans pour autant se dévoiler tout à fait.

      Et peu importe ! Aujourd'hui, la vie rêvée, libre et aimée, celle que j’écris, c’est la vraie vie, il n’y a pas d’autre révélation à attendre de l’écriture

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Journal

22 Janvier 2012, 14:09pm

Publié par Sybille de Bollardiere

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Ou les archives d'un passé composé...  Qu'en faire si comme l'écrit Delphine de Vigan "l'écriture ne donne accès à rien" ?

Le Chesnay, 24 février 2002

  Voilà ça y est, le temps est venu ; après bien des tentatives je me replonge dans cette matière qui m’encombre chaque jour un peu plus, je veux parler du contenu de la malle rouge : mon journal ! 

Il n’a pas toujours été dans une malle, je crois que j’ai du faire cet achat lors de mon premier mariage pour ranger et mettre à l’abri ce qui commençait  à prendre de la place. Donc depuis vingt ans j’empile ces cahiers numérotés et bientôt il faudra songer à un contenant plus vaste. Aujourd’hui il faut compter sur quelques 53 cahiers plus quelques petits carnets qui datent de l’époque où j’espérais prendre de véritables « notes d’écrivains »... 

Récemment il m’est venu l’envie de tout détruire, de faire disparaître ces cahiers qui m'ont suivie partout. Désir d’allègement, de liberté, espoir d’une nouvelle vie, je ne sais pas exactement. Détruire le journal s’est avéré jusqu’à présent impossible, l’histoire qui nous lie est trop ancienne. C’est un peu comme un vieux mariage que l’on ne peut se résoudre à défaire bien qu’on en connaisse toutes les faiblesses, les complaisances et surtout ces impudeurs que l’on ne prend plus la peine de dissimuler. 

A l’idée que mes enfants puissent un jour tomber sur cette masse de cahiers et qu’ils ne sachent qu’en faire, j’ai le projet de tout recopier, de trier, d’élaguer afin de préserver ce qui peut enrichir l’histoire familiale tout en apportant un éclairage sur les zones d’ombre de mon enfance et de mon adolescence.

  Mais c’est avant tout une redoutable tâche que de pénétrer à nouveau ce monde que pour avoir décrit, j’ai partiellement oublié. Ma mémoire est ailleurs, dans des images, des voix et des odeurs que finalement j’ai rarement décrites. Le journal c’est ce voleur de temps à qui je me suis livrée, parfois corps et âme, pour mon mal ou pour mon bien, par tous les temps, à toutes les heures. Le journal à la place d’une vie simple qui aurait cessé de se regarder pour simplement s’écouler, librement, au milieu des autres et de la vie...

 

 Aujourd'hui, les cahiers sont  au nombre de 70... Et il y a longtemps que la malle rouge a débordé... Alors j'archive en images... SB

 

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J'ai volé un paysage

19 Janvier 2012, 10:50am

Publié par Sybille de Bollardiere

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"Toi qui sur le néant en sait plus que les morts"

 Mallarmé

 

J’ai volé un paysage et je m’y suis installée pour l’hiver

Transparente

Pour n’être ni l’objet ni le sujet

Et encore moins l’auteur

Mais simplement l’hôte de ce qui suivra

Quand on a si peu et trop à la fois

La somme de ses peurs, son indigence et vingt six lettres

Que dire du néant, de l’attente et de ce que l’on appelait l’amour ?

 

Posée sur l’herbe sèche, ma table d’écriture

Comme une arche d’alliance

Pour révéler que rien n’existera que le poète n’ait nommé

Que la clameur du monde est dans le trait, dans sa rupture

Le blanc immense de la page

Car c’est dans l’absence que se révèle la présence

Que se dévoile, comme sur le paysage

Cette rivière où, l’été, penchée dans son ombre

J’écrivais du temps, le visage à venir

 

SB ce matin de janvier en poésie...

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Le temps dessiné

1 Janvier 2012, 19:59pm

Publié par Sybille de Bollardiere

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L'entre-deux livres est un carnet de croquis, une planche en noir et blanc qui remontent le temps.

Cet été-là en musique...


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