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Sybille de Bollardière
commentaires

De rien sinon de ce vent-là

20 Décembre 2017, 21:21pm

Publié par Sybille de Bollardière

Homme qui vis, sais-tu de quoi
Tu te souviendras lorsque inerte
Les vers futurs feront de toi
Cette barque à jamais déserte ?
 
De rien sinon de ce vent-là
De la rose qui s’y caresse
De l’âme indicible qui va
D’une chose à l’autre et la laisse.
 
Sans le ciel, sans l’arbre sans toi
L’oiseau l’oiseau l’infatigable
Vivre serait trop dure loi.
 
Soleil grand oeil crevé d’un Dieu
Ton reflet chante dans le sable
Que mourir c’est partir un peu.
 
Georges Perros (1923-1978) – Poèmes bleus (1962)

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Les scolopendres

19 Décembre 2017, 11:59am

Publié par sybille de Bollardière /Over Yonder

A Richard, alias Yoshka, alias Over

L’affaire des scolopendres ou pourquoi j'ai renoncé à publier ici le prologue d'Une femme d'argile (septembre 2008)

Humeur actuelle : indescriptible
De : Over
Date : 28 août 2008, 17:17
Chère Sybille,
... J'ai lu l'extrait de ce roman à paraître et dont l'action se déroule en Afrique. Pouvez-vous me dire quand il sera édité?
D'autre part, Je vais probablement énoncer une bêtise mais j'ai constaté que vous écrivez " la " scolopendre. Je savais que scolopendre était féminin quand il s'agit d'une fougère mais je pensais qu'il était masculin quand il est question du mille pattes. Pouvez-vous éclairer ma lanterne sur ce point?
Je vous souhaite tous les succès et je me sens très honoré d'être dans vos " amis".
Bien à vous.
Over
 
De : Sybille de Bollardière
Date : 28 août 2008, 18:46
Puissiez vous me porter bonheur cher Over ! La scolopendre... Tiens donc ! Evidemment j'avais écrit en premier lieu "le scolopendre" mais "on" m'a affirmé que le mot était féminin et comme j'ai la tare d'être analphabète autant que dysorthographique j'ai fait confiance et maintenant me voici dans les affres du doute....
 Nous ne sommes que des apprentis à chaque nouveau roman et il faut repasser par ce douloureux passage de la lecture du "comité" et parfois "des comités». Ces moments là vous simplifient, vous réduisent parfois au point que l'on se demande si l'on sait encore écrire. Aujourd'hui cela me donne envie de lire, l'occasion de vous découvrir et puis ce soir je regarderai Mrs Muir et son merveilleux et tonitruant visiteur....
Tenez moi vite au courant pour le scolopendre (que je préfère mille fois au masculin)
Amitiés
Sybille
 
De : Over
Date : 28 août 2008, 18:59
 Chère Sybille,
Merci pour votre réponse. Réglons en premier lieu l'affaire du scolopendre. Oui, il est masculin pour le mille pattes et féminin pour la fougère. Par acquis de conscience, je suis même allé vérifier sur google et Wikipédia.
Et puis vous me parlez de Mrs Muir. De fil en aiguille, je passe de Rex à Gene et de Gene à Georges Sanders qui me mène à Dorian Gray et Dorian Gray à...il vaut mieux que j'arrête là, sinon j'y serais jusqu'à demain matin. J'ai longtemps souffert d'hypermnésie. Parfois, je me refais certains films les yeux fermés.
Un jour, je vous raconterai.
Bien à vous
Over
 
De : Sybille de Bollardière
Date : 28 août 2008, 19:34
 Merci !
Mais je suis atterrée... Une fougère, il ne manquait plus que cela !
Je file réparer les dégâts - Enfin ce qui peut l'être (je ne ferai aucun commentaire sur mes "lecteurs" mais....)
Je vous suis infiniment reconnaissante
Bien à vous
Sybille
 
De : Over
Date : 31 août 2008, 15:38
Chère Sybille,
Ne protestez pas si je vous déclare que je suis déshonoré à jamais. Mon père vient de m'appeler pour me dire que Littré donne « Scolopendre » au féminin, même pour le mille-pattes. Je vais de ce pas me jeter par la fenêtre.
Ma dernière pensée sera pour vous.
Over
 
De : Sybille de Bollardière
Date : 31 août 2008, 15:53
Oh Nooooooooon !
(Pour me venger je vais publier l'ensemble de notre conversation sous le titre "Vertige ou le sacrifice inutile d'Over"
 
 De : Over
Date : 31 août 2008, 16 : 00
Chère amie,
Je suis déjà au purgatoire et c'est mon spectre, le rouge au front, qui d'adresse à vous. Dites bien dans votre article comment Google et Wikipédia ont eu raison de moi. Si ça se trouve, par ma faute, vous avez gaspillé deux heures de votre temps pour corriger le genre de scolopendre dans votre texte. Mon spectre cherche désespérément une autre fenêtre à enjamber.
Over
 
De : Over
Date : 31 août 2008, 18 : 04
Chère Sybille,
Dans les Chants de Maldoror; Lautréamont dit " le scolopendre" en parlant de la bestiole et Hugo aussi dans "les Contemplations". Je tiens les références à votre disposition.
Alors bon...Moi, je ne sais plus que penser.
Bien à vous
Over
 
De : Sybille de Bollardière
Date : 31 août 2008, 18:39
j'hésitais - avant de lire votre dernier message, entre  : supprimer ce prologue du ou de la Scolopendre, me lancer dans l'écriture d'un manuel grammatical ou encore ouvrir une crêperie bretonne... Finalement vous m'avez donné d'excellents arguments pour l'éditeur. Si Victor Hugo et Lautréamont font des fautes d'orthographe, je me sens absoute et pour ainsi dire confortée dans l'erreur du scolopendre.... Mais quand même j'hésite... Il me faudrait des preuves....
Je compte sur vous bien sûr !
Sybille
 
De : Over
Date : 31 août 2008, 18 : 55

 Voici les preuves chères Sybille et veuillez, je vous prie les ajouter avec les mails dans le dossier sur votre site.

 Trois références chez Hugo :
 « [...] Il est là, ce Tibère-Ezzelin
Qui se croit scorpion et n'est que scolopendre,
Fusillant, et jaloux de Haynau qui peut pendre » (Les Châtiments, 1853, VI, 8, p. 515)
« Pleurez sur les laideurs et les ignominies,
Pleurez sur l’araignée immonde, sur le ver,
Sur la limace au dos mouillé comme l’hiver,
Sur le vil puceron qu’on voit aux feuilles pendre,
Sur le crabe hideux, sur l’affreux scolopendre,
Sur l’effrayant crapaud, pauvre monstre aux doux yeux,
Qui regarde toujours le ciel mystérieux ! » (Les Contemplations, 1856, 26, L, 6, p. 467)
 Il prit enfin la parole en ces termes : "le scolopendre ne manque pas d'ennemis ; la beauté fantastique de ses pattes innombrables, au lieu de lui attirer la sympathie des animaux, n'est, peut-être, pour eux, que le puissant stimulant d'une jalouse irritation. » (Les Chants de Maldoror - Chant IV)
Bien à vous
Over
 
De : Over
Date : 31 août 2008, 19:04

...Et je vous en conjure, Chère Sybille, corrigez mes coquilles et fautes dans mes courriers...à chaque mail, je m'enfonce un peu plus dans le ridicule. Je crois bien avoir écrit " Chères Sybille" dans le dernier. C'est vrai que j'adore les histoires de doubles, mais tout de même...

Bien à vous.

Over

PS: Mon père qui a été le premier à mettre le doigt sur mon inanité avec le Littré, réclame déjà une dédicace de votre main sur la précommande qu'il a faite de votre roman.

Je m'engage de mon côté à informer tous mes amis et pas seulement my spaciens de la prochaine sortie de votre best-seller. Au fait, vous avez besoin d'un agent littéraire ou d'un imprésario?

 De : Over
Date : 01 sept. 2008, 17:08

Chère Sybille,

Ça se complique avec la symbolique de la scolopendre. Je suis tombé sur un site qui ressemble à de la kabbale arabe. Je vous envoie le lien. Mais je vous avoue que ça m'a l'air très pointu comme article.

 http://mahdisme. kouaa-blog. com/post/10572/25428

 Ah! Voilà enfin la symbolique de " scolopendre" dans l'interprétation des rêves. Je crois que nous approchons de la vérité.
 Symbole de l'ego. En effet, le "mille-pattes" utilise le nombre "mille", qui est en soi une inflation de l'ego (plus il y a de zéros après le Un, symbole de l'ego, plus celui-ci est important). De plus, la piqûre du scolopendre est dangereuse. Certes, il peut s'agir d'un proche, mais c'est au rêveur de savoir qui le met en danger : plan extérieur ou plan intérieur.
http://www. egostracisme. com/lettrei. htm
 Je continue mes recherches...
 
De : Sybille de Bollardière
Date : 01 sept. 2008, 21:34
Mon cher Over,
 Je crois que le scolopendre est un long roman qui hante les tréfonds de l'humanité, une sorte de reptile sous marin qui suivrait le cours incertain de nos humeurs inconscientes...
Savez-vous ce que j'ai trouvé ?
 Un certain Richard Albisser a écrit un roman : Mémoire d'un Scolopendre (les Editeurs sont une bande d'analphabètes !) je vous livre la 4ème de couverture : Un écrivain du nom de Charles Bupreste, littéralement obsédé par Rimbaud, suit une thérapie avec une psychanalyste, Romane Allemand.
Un jour de mai, Charles disparaît... Romabe mène l'enquête mais sans succès, puis en informe un de ses amis, Carl Clineberg, journaliste et philosophe, qui se prend au jeu.
Est-ce que Carl trouvera le fil à partir duquel l'affaire pourra être démêlée?
 Sinon, pour faire simple, j'ai trouvé un texte très intéressant sur un roman de Robbe Grillet. Extrait :" De proche en proche donc, au fil des sections, le soupçon fait retour et grossit, disions nous, avec la scutigère, à tel point qu'il réalise ce qu'il redoute et qu'il donne - en 5 - pour réalisé ce qu'il cherche à effacer, à dénier en 4. Ce glissement, le texte le réalise par son travail et le prépare en ménageant les connexions qui le rendront possible. Nous l'avons déjà vu préparer la rencontre des alliances et des doigts sur la nappe blanche par scolopendre interposée ; essayons maintenant de comprendre comment il va nous conduire au lit adultère d'une chambre d'hôtel. "... A découvrir en entier :http://semen. revues. org/document•html Les déplacements du mille-pattes
 Et pour finir ce texte magnifique que je vous conseille de lire en entier :"et ce texte magnifique du début du 20ème:
 "C'est un taciturne, de mœurs occultes, de fréquentation sans agrément, si bien que son histoire, en dehors des données anatomiques, se réduit de peu s'en faut à rien. Le scalpel des maîtres nous en a révélé la structure organique, mais nul observateur, que je sache, ne s'est avisé de l'interroger avec quelque insistance sur ses habitudes intimes. Éventré après macération dans l'alcool, il est très bien connu ; agissant dans le domaine de ses instincts, il est presque ignoré. Nul mieux que lui cependant, parmi les animaux, segmentés, ne mériterait les détails d'une biographie. De tout temps il a frappé l'imagination populaire, au point d'être inscrit dans les signes du zodiaque. La crainte a fait les dieux, disait Lucrèce. Divinisé par l'effroi, le Scorpion est glorifié dans le ciel par un groupe d'étoiles, et dans l'almanach par le symbole du mois d'octobre. Essayons de le faire parler.
Je fis connaissance du Scorpion languedocien ( Scorpio occitanus Latr.), il y a un demi-siècle, sur les collines de Villeneuve, de l'autre côté du Rhône, en face d'Avignon. Le bienheureux jeudi venu, du matin au soir, j'y retournais des pierres à la recherche de la scolopendre, principal sujet de ma thèse pour le doctorat. Parfois, au lieu du puissant myriapode, superbe horreur, je rencontrais, sous la pierre soulevée un autre ermite non moins déplaisant. C'était lui. La queue convolutée sur le dos, une gouttelette de venin perlant au bout du dard, il étalait ses pinces à l'entrée d'un terrier. Brr ! Laissons la redoutable bête ! La pierre retombait.
Fourbu de fatigue, je revenais de ma course riche de Scolopendres, riche surtout de ces illusions qui teintent l'avenir de rose quand on commence de mordre à belles dents sur le pain du savoir. La Science ! ah ! L’ensorceleuse ! Je rentrais, le cœur en joie ; j'avais des Mille-Pattes. A mes sereines naïvetés que fallait-il davantage ? J'emportais les Scolopendres, je laissais les Scorpions, non sans un secret pressentiment qu'un jour viendrait où j'aurais à m'en occuper.
 Il y a encore les allusions au coran, la prière "articulée" comme la scolopendre.... etc..... Si j'avais su en massacrant mon scolopendre qu'en fait, je m'en prenais à un tel symbole (la peur, le soupçon) !......
Maintenant je vous laisse, vous êtes jeune encore et je crains pour votre libido après de si éprouvantes lectures.
 Over vous m'avez été précieux, me voici acharnée à aller jusqu'au bout de cette bête tapie en moi que je croyais avoir anéantie.
Bien à vous
Sybille
 
De : Over
Date : 2 sept. 2008, 22:22

Chère Sybille,

Mon dictionnaire étymologique Robert me dit qu'au XVeme siècle, la scolopendre était un serpent fabuleux. (à l'en croire, "scolopendre" aurait même été un insecte au XVIeme..)

Votre intuition du reptile sous-marin est donc fondée. Et celle d'un long roman est avérée. Votre phrase serait un très joli début. "Je crois que le scolopendre est un long roman qui hante le tréfonds de l'humanité, une sorte de reptile sous marin qui suivrait le cours incertain de nos humeurs inconscientes (...) me voici acharnée à aller jusqu'au bout de cette bête tapie en moi que je croyais avoir anéantie." Oui, il suffit de lier les deux phrases et le lecteur est comme aspiré dans un vortex. Il veut savoir la suite. En plus, ça commence au Congo...

 Over

Ps: le texte de Fabre est en effet admirable.

2011 note : La scolopendre est un nom épicène  fémininUn nom épicène, du latin epicoenus dérivé du grec ancien πίκοινος « possédé en commun », qualifie un nom non marqué du point de vue du genre grammatical. Est épicène un nom bisexué pouvant être employé indifféremment au masculin ou au féminin.

Over Yonder, alias Yoshka, alias Richard Lichtenberg

 

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Le dernier voyage du Lancastria

9 Décembre 2017, 18:23pm

Publié par Sybille de Bollardière

Le dernier livre de l'atelier d'écriture :

Pourquoi l’une des plus grandes catastrophes maritimes de l’histoire est-elle restée secrète ?

Un roman à neuf voix pour faire revivre cette tragédie

  « Le dernier Ouest-France traînait sur le comptoir... En première page en gros et en gras : « L'anniversaire : des milliers de morts dans la tragédie fantôme... Il y a 75 ans, le 17 juin 1940, le paquebot anglais Lancastria sombrait en vingt minutes, assailli par les bombes allemandes au large de Saint-Nazaire. Aujourd'hui encore, on ignore le nombre de victimes... On parle de 6 000 morts. » 

C’est la découverte de cette catastrophe méconnue à la une du quotidien Ouest-France en juin 2015 qui inspira à L’Alduna ce roman à neuf voix. Tout en respectant les faits et la réalité historique, chaque auteure s’est glissée dans la peau d’un personnage de fiction pour faire revivre le drame des naufragés du Lancastria. Dans ce récit émouvant et passionnant, on découvre les vies de réfugiés venus de toute l’Europe, pour échapper à l’invasion Allemande. Le lendemain, alors que de Gaulle lançait l’appel du 18 juin ; le Lancastria lui, sur ordre de Churchill, était condamné aux ténèbres du « secret défense » et de l’oubli.

Ce livre est aussi l’aventure de « l’écrire ensemble » vécue par les auteures de l’Alduna depuis septembre 2015. Dix-huit mois d’échanges, de dialogues, d’émotions et d’écriture dans la peau de ceux que nous avons voulu faire vivre pour que l’on oublie pas les naufragés du Lancastria.

L’Alduna, collectif de l’atelier d’écriture de La Passagère, est composé de : Catherine Becquart, Olga Bunzl, Sarah Delacour, Francine Lenoury-Heude, Pascale Grilliat, Corinne Leveillé-Nizerolle, Diana Wander, Valérie Weber et Sybille de Bollardière. 

La Passagère octobre 2017

150 pages 13€

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Avant la nuit

8 Décembre 2017, 09:56am

Publié par Sybille de Bollardière

Lundi 4 décembre

Comme un marché de Noël, mais plus en quête de mots, de recyclage des mal-entendus, des invendus, des livres ouverts et jamais lus, Je tombe sur "l'Impair" de Michel Deguy. 

"La poésie est pensive, elle pense en pensant." Et plus loin "L'accompagnement du poème, ses préparatifs et ce que j'aimerais appeler les didascalies d'une énonciation poétique, demandent des soins."

Et le soin chez Deguy c'est l'entre-deux, l'entre soi et le lien sans cesse hésitant de l'attachement.Oui j'y suis, c'est bien là ou quelques pages plus loin le premier mot que je retiens Rabot. Associer l'outil à la mémoire, aux copeaux récoltés par ma pensée simplificatrice ou vieillissante. Et toujours dans le même champ lexical, le burin et l'action buriner, racler.

La récidive. J'ai à faire avec ça aussi, j'aime ce mot, tout écrivain est un récidiviste.

Abstinence, mot étrange et étranger qui donnerait Abstine un personnage de théâtre déjà sacrifiée, victime renonçante.

"La littérature n'est pas un savoir, c'est une perte active" Oui certes, et mon panier de mots en main, renonçant au poème comme Abstine renonce à tout ce qui est bon, je regarde la nuit tomber en buvant mon vin noir.

Je pense à l'ancêtre de l'homme marchant entre chiens et loups dans la fange des points d'eau en quête d'une proie. La littérature pour moi, c'est la commémoration de cet instant d'ombre, d'espoir et de mort. L'homme à peine redressé, avançant dans la crainte et la faim. Le ventre vide et la peur du soir qui tombe. L'heure des prédateurs, manger avant d'être dévoré comme écrire avant de mourir pour laisser sa trace sur le papier comme l'empreinte des premiers hommes dans le cloaque primordial... 

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