Rencontres à Antalya
Ces visages m'obsèdent. Plus que les vivants ils m'ont accompagnée et je les ai suivis, guettés comme ces regards saisis par le sculpteur et prolongés par la lumière de la salle qui les accueille. D'essence minérale, mais tellement humains que j'ai cru partager leurs secrets, l'intimité d'une vie dont il ne subsite que des ruines, et quelles ruines ... Qui disent encore dans les soupirs du vent ce que fut, un temps, l'Anatolie.
J'ai rêvé d'appartenir à ces lieux ou tout du moins, d'y revenir et de poursuivre cette route vers l'Orient qui est la source de tout, malheurs et civilisations confondus. Non contents d'êtres mortels, les hommes s'érigent des dieux et des lois qui ruinent leur passé et n'apportent aucune lumière. Est-ce cela que je lis sur ces visages ? Doutes ou douloureuse nostalgie de l'éphémère gloire qui les a portés là, érigés, puis démembrés dans l'océan des plaines.
L'Anatolie est un chemin tellurique au coeur de l'homme, un temple livré aux vents et à la démesure de l'oubli peut-être aussi et c'est la crainte qui m'habite, à la vindicte des certitudes ou de l'ignorance, ce qui revient au même.
Musée d'Antalya, Turquie - Mai 2010
Images extraites de l'Album "Turquie" à voir ici Turquie-2010