Inventaire de fin de semaine
Lundi
Un train de semaine avec autant d’arrêts que de soupirs. Je finis ma nuit contre la vitre d’un jour tardif, j’épelle ton nom et l’accroche aux lisières qui défilent.
Mardi
Saison de pluie et d’écriture. Dans l’attente, je vis dans l’intimité de deux bûchers, vases communicants d’un hiver doux qui ne réclame que quelques écorces de bouleau.
Mercredi
Jardin minuscule au cœur de l’écorce, refuge dans l’interstice des pierres gorgées d’eau. Face à la persistance des pluies, j’adopte l’obstination du lichen et colonise le gris de l’hiver.
Jeudi
Dernière journée de bitume et d’ennui. J’ai laissé tomber mes chaines et j’attends debout sur un quai de gare, l’inspiration des années à venir.
Vendredi
Le vent noir de l’oubli n’a aucun pouvoir je le sais, tu portes sous la peau l’encre de mes doigts, ceux des mots à venir pour que je me souvienne.
Samedi
Dans l’écart des nuits, à distance raisonnable, nous enveloppons nos silences de souvenirs, échangeons nos enfances en se regardant fuir vers l’horizon sépia d’anciennes images. Toi avec ta valise de fer blanc et moi dans ma robe à volants.
Dimanche
Inventaire de fin de semaine. Sur le bleu répandu et le miroir des champs, je file vers l’ouest, le cœur tatoué et la mémoire à genoux, prier pour ceux que j’aime et ceux que je devrais aimer et demain tout recommence.