Jaune
Comme un cœur dissimulé dans le silence, épicentre floral ou soleil intérieur, mon jaune est doux comme le mimosas sous le gel de février, amer comme le fiel des mots de mai perdus, oubliés, jamais dits, usés jusqu'à la corde.
Juin, déjà. C'était sa couleur... j'ai eu il y a longtemps, une mère jaune à peau brune qui jouait dans la lumière des étés renouvelés. Pour elle la couleur se faisait parure d'un temps immobile quelle que fut la saison. jaune d'hiver quand elle brodait à la lueur des lampes plus tard d'or sur ma peau, serpentant sur l'avant-bras, en chaînes, anneaux, pour ne pas oublier. Une couleur à moissonner l'été, à suivre sur les grèves dans le désert de midi et jusque dans l'iris de certains serpents. Citrine, topaze et diamant jaune comme le grand fleuve de Chine aux eaux troubles et tous les papillons dont je ne sais pas le nom. Le jaune est ma couleur, mon rire parfois comme si la teinte s’acidifiait avec le temps alors que je me souviens encore de la lumineuse douceur des fleurs de Wordsworth...
I wandere'd lonely as a cloudThat floats on high o'er vales and hills,When all at once I saw a crowd,A host, of golden daffodils;Et maintenant demain est jaune comme un ciel d'orage, immense et inconnu telle cette route qui invite au départ...