Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Sybille de Bollardière
commentaires

Le ciel de Paris, ses silences...

14 Mars 2010, 21:00pm

Publié par Sybille de Bollardiere

IMG_0573-copie-1.JPGIMG_0577.JPG
IMG_0567-copie-1.JPG


Le ciel de Paris, ses silences sur les berges,
Un couple et ces mots que l'on désigne d'un geste,
Là-bas, à l'Est
Un voyage, un retour ou simplement un souvenir
Là-Bas,
Il disait ça souvent du temps que nous parlions
De tout, de rien,
Dans la lumière des jours à écrire
Des jours à devenir grands,
Grands écrivains ou grands enfants
Main dans la main sûrement

Alors maintenant que je me condamne à la silencieuse et ingrate saison de l'écriture d'intérieur - toujours au printemps ou du moins quand il s'annonce - je pense à ces berges amoureuses, au bleu d'un ciel convoité, et rassasiée d'images, je file à ma copie...



Voir les commentaires

commentaires

Les normales saisonnières et autres nouvelles...

6 Mars 2010, 13:12pm

Publié par Sybille de Bollardiere

 

IMG_0580.JPG

Canal Saint Martin 5 mars 2010 à 15heures

Ce matin il fait 5° à Paris, -23° à Tignes et  que -22° à Irkoutsk ce qui tendrait à prouver que nous sommes, à l’Ouest de l’Europe, réellement en dessous des normales saisonnières. Vous remarquerez que les normales saisonnières sont plurielles; j’imagine qu’elles se déplacent en bande, uniquement  limitées par deux bornes : la borne dite inférieure et l’autre borne, la supérieure. Peu importe à Yoshka qui se morfond dans le canapé avec son 36°5 d’épuisement protéiforme. J’ai installé des thermomètres partout, des antiquités subversives au mercure auxquels je tiens comme à la prunelle de mes yeux. Si celui de ma terrasse affiche 4°, non loin du refuge de Yoshka, il ne fait pas moins de 24°. Ce sont les "Tropiques du Chesnay," un micro climat idéal pour un personnage en attente d’auteur. Mais le ciel est bleu, agité et j’aspire à ce froid qui souffle de l’Est et m’attire vers la ville, Paris dans sa lumière en ce début mars.

J’arpente les quais, longe des murs nostalgiques quai d’Anjou où la figure fantasque d’un Baron a sans doute été remplacée par un de ses pâles héritiers. Après les fêtes splendides et décadentes, voici venu le temps des banques et des normales saisonnières… Yoshka n’aurait pas dû rater ça. Le pont Henri IV est splendide et la Seine l’entoure de ses reflets. J’ai du temps, un rendez-vous plus au nord, quai de Jemmapes et j’ai décidé de suivre l’eau pour y parvenir. C’est facile : descendre un peu la Seine et tourner à droite vers la Bastille, le boulevard Richard Lenoir.

Paris Nord frissonne le long du canal Saint Martin ; les bobos vont à vélo avec les petits dans le dos et prennent leur café en terrasse au pâle soleil de mars… Pour moi, un petit noir bien sucré dans la salle en faux marbre d’époque. Un marbre « peint à la main » patiné de nicotine et de sueurs d’absinthe, je veux y croire. Les ampoules et les suspensions de verres dépolies sont probablement d’époque tout comme la réclame pour une boisson dont j’ai oublié le nom. Au sol, que balaie soigneusement une sorte de géant cosaque à moustache, le carrelage est digne de l’Hôtel du Nord en version originale, une frise rouge basque et bleu de cæruleum le décore avec quelques touches de Sienne clair.

La note exotique vient d’ailleurs, j’en cherche le nom, nez en l’air, le stylo à la bouche quand mon cosaque vient m’avouer dans un accent rocailleux qu’il est des Balkans et que la musique que nous écoutons est juive. C’est un nostalgique d’un temps qu’il n’a pas connu, il aime les duels de trompette comme moi les duels d’écriture. Il n’a pas commencé le sien et s’émeut  déjà à la bière d’une langue moribonde. Qui parle yiddish maintenant ? A part Yoshka bien sûr qui parle les langues maudites comme d’autres les langues mortes. Ah! Comme je le regrette ! J’aurais dû l’emmener de force. J’aurais aimé qu’il découvre ce coin de Paris dans la lumière de mars, le reflet du soleil sur le canal, la fumée des passants et les platanes dénudés sous l’assaut des corbeaux. Un bateau passe au fil de l’eau pendant un solo de trompette :

"O veï mir"*,  je t’entends Yoshka et je crois bien qu’au fond de cette salle tu m’aurais souri.

Et maintenant les voix gémissent et je viens de si loin que tu ne le sais pas. En ce temps là, à Odessa et à Irkoutsk on ne parlait pas des normales saisonnières et j’avais un nom qu’on ne prononçait pas Yoshka…

Le cosaque a fini de nettoyer la salle et me tend une coupe de champagne. J’hésite, il n’est pas 15 heures tout de même… Il me montre de la main l’ardoise de la salle :

Offre du jour

Champagne : un premier cru brut de Chailly

« Elégant, belle attaque vive sur une touche finale d’agrumes. Le tout sous une pluie de bulles fines et fondantes »

J’accepte. Des bulles… Voila qui vous fait remonter « les normales saisonnières », sauf qu’à 16h, j’ai rendez-vous avec mon éditeur pour les corrections de mon roman...

- Mazel tov Yoshka !

* Pauvre de moi ! En yiddish

Voir les commentaires

commentaires

Mes mémoires en BD, tome 1, 2 et 3

3 Mars 2010, 22:22pm

Publié par Sybille de Bollardiere

Mes mémoires en BD

Tome I


Le mur de la voisine et pourquoi je voulais devenir écrivain



Mmemooire1.jpg



 Tome II

Une éducation laborieuse

memoire2.jpg
Tome III

Mensonges, premières lectures et premières amours virtuelles

memoire3.jpg

Voir les commentaires

commentaires

Yoshka et l'épitaphe de Stevenson

25 Février 2010, 20:02pm

Publié par Sybille de Bollardiere

images2.jpgimages.jpg

Il pleuvait depuis des jours. Yoshka s’était assis dans le coin du salon le plus éloigné de la fenêtre mais rien n’y faisait. Pâle, les traits tirés et le regard perdu, il promenait sa présence désenchantée plus qu’il n’habitait les lieux. J’avais beau m’agiter, me creuser la tête pour trouver une occupation, un centre d’intérêt nouveau, rien n’y faisait. Lentement perfusé par le goutte à goutte du ciel obstinément gris, Yoshka se délitait… Il n’avait plus envie d’écouter de la musique et pas plus de me faire la lecture.

- Qu’est ce que tu aimerais faire ? Tu veux partir ?

- Je ne sais pas, je réfléchis… Je devrais peut-être écrire…

Réjouie de la nouvelle je m’apprêtais à lui céder le bureau quand il ajouta :

- Je voulais rédiger mon épitaphe mais en fait il n’y en qu’une qui me plait: c’est celle de Stevenson.

Il souffla avec lassitude et se pencha vers la table basse pour prendre une cigarette.

- Je la connais par cœur, écoute :

« Under the wide and starry sky
Dig the grave and let me lie,
Glad did I live and glady die
And I laid me down with a will”

- Je ne comprends pas tout, mais ça m’a l’air pas mal, tu peux peut-être changer quelques mots pour la personnaliser et puis… Ca m’étonnerait qu’il te fasse un procès pour plagiat…

Il sourit tout de même avant de se diriger vers la fenêtre.

- Regarde-moi ce temps ! Le pire, vois-tu, c’est de ne pouvoir espérer avoir une épitaphe correcte. Je suis certain que cela aurait pu me consoler de tout…

- Yoshka, il me semble que l’on n’est pas vraiment pressé !

- Tu ne comprends donc pas que pour un personnage, savoir de quelle épitaphe il bénéficiera c’est capital !

- C’est bizarre, je trouve qu’épitaphe, capital et bénéfice, ne font pas bon ménage.

Yoshka haussa les épaules et prit un air lamentable en regagnant le canapé. Si je n’avais craint qu’il s’échappe à nouveau – et Dieu sait combien je souffrais de ses disparitions - je lui aurais avoué que j’étais tout simplement et sans aucune raison, gaie.

Quelque chose dans le fait que Yoshka cite Stevenson me réjouissait profondément, c’était pour moi le retour de la fiction, l’annonce des grands départs. Même si tout commençait par une épitaphe en anglais, cette interminable journée de pluie sentait le cuir mouillé des valises, le pavé glissant des ports où l’on s’embarque vers l’ouest.

Je songeais que bien avant de voguer vers l’Amérique, Robert Lewis Balfour Stevenson avait lui aussi été un jeune homme souffreteux aux poumons allergiques à l’humidité de son Ecosse natale. Comme Yoshka, il était né sous le signe du scorpion mais les comparaisons s’arrêtaient là. Yoshka était ascendant vierge et si Stevenson était l’héritier d’une brillante lignée de concepteurs de phares calvinistes, la famille de Yoshka, en matière de lumière, ne pouvait revendiquer que quelques obscurs et faméliques rabbins.

Il y avait bien entendu « l’apologie des oisifs », ce fameux essai de Stevenson dont le titre, tout comme le contenu, n’était surement pas pour déplaire à Yoshka mais ce n’était pas cela auquel il aspirait. D’ailleurs Yoshka était un oisif triste, un de ceux qui vous donne envie de vous remettre au travail. Non, s’il enviait Stevenson, c’était pour la fiction, le talent de conteur et la multiplication des points de vue et des narrateurs qui permettait une infinie variété de versions au récit.

Stevenson, c’était le génie, l’incontournable romancier. Je me mis au travail. Entraîner Yoshka vers sa gloire sur les traces d’un Stevenson, c’était accepter de lui rédiger une épitaphe conforme à ce qu’il attendait de la vie. La tâche n’était pas mince, même en français et puis, je devais réfléchir au décor. Une épitaphe est certes opportune pour orienter sa vie, mais encore faut-il savoir où prévoir son installation. J’hésitais, après Stevenson à Samoa et Chateaubriand à Saint Malo, je songeai à La Russie. N’était-ce pas la terre des origines de Yoshka ? Et puis je projetais depuis longtemps un voyage dans cette direction. Le fait qu’il n’y ait pas de mer à traverser présentait un grand intérêt pour Yoshka comme pour moi. Un voyage en train pour trouver le lieu précis de son inhumation était donc envisageable. Je pensais aux rives du Baïkal, à cette île où l’on dénombre la plus importante colonie de phoques d’eau douce. Quant à l’épitaphe, j’avais bien du mal. Je ne l’avais pas encore dit à Yoshka, mais en fait, j’avais opté pour une citation, de Stevenson justement :

« Un silence peut être parfois le plus cruel des mensonges »

R.L.S

Voir les commentaires