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Sybille de Bollardière

chroniques

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L'auteur, poème

16 Février 2023, 10:34am

Publié par Sybille de Bollardière

L’auteur

J’avance dans un livre comme à marée basse
A pas lents à chaque page
Cherchant entre deux eaux, entre deux mots
L’auteur ou croyant le découvrir
Guettant dans sa lexie, l’idée, ce qu’il aurait voulu dire
Et qui serait “resté dans l’encrier”
L’oubli de ce qu’il aime ou aurait aimé
Son hésitation, ses silences ou au contraire
De longues phrases étendues sur la page
Comme une laisse de mer sur le sable oubliée
 
Dans un livre l’auteur c’est celui que je préfère
Sur l’estran de la page où il s’est abîmé
Dans ce surplus de matière ou le lecteur se perd
Parfois trahi par un paysage revisité, saturé d’émotion 
Et soudain il est là, l’auteur nu, en lui-même
En lumière, comme un coquillage offert au jusant.
 
16 février 2023
A Barth et tous les autres...

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Les nuits d'Antibes, poème

13 Février 2023, 15:19pm

Publié par Sybille de Bollardière

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les nuits d’Antibes

Au coeur de l'hiver, du fil des souvenirs
tisser les nuits abrégées
L'enfance ou ce qu’il en reste
Réminiscences d’une saison dans le sud
La couleur de l’aube, le parfum des pins
Et, dans la rumeur des cigales ou la touffeur de midi
La gifle muette du désir
 
Délaissant la sieste et l’ombre rayée des persiennes
La trace de mes pas signait ma fuite vers le jardin interdit
Paradis au goût de muscat et d’orange
D’où je guettais dans la chaleur froissée des eucalyptus
L’oeil noir de mon étrange  minotaure 
 
Il aimait la mer, ses fruits et ses mystères
Mais les jours de vent, délaissant la côte
Il ratissait les fanes du soleil à l’ombre des oliviers
Sombre et majestueux dans ses silences
Mon géant mutique régnait sur la colline 
Avec des yeux plein d’abîme et de ciel, 
Un dos puissant, une blessure secrète
Avant de redescendre torse nu et sac à l’épaule
Vers la rumeur du port et la mer étincelante.
 
Cet été-là, dans la lumière de mes dix ans
Pour le fils de Pasiphaé et d’un monstre aphasique
J’ai rêvé d’être femme ou vague des tropiques
De faire danser la mer de ce sombre marin
Pour l’emporter libre, la nuit sous les étoiles
Vers les feux balayés du phare de la Garoupe
Et plus loin encore aux limites du monde.
 
13 février 2023

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Impression

2 Février 2023, 21:25pm

Publié par Sybille de Bollardière

ImpressionImpression
Impression
ImpressionImpression
Ce qui me fascine n’est pas tant l’écriture ou le livre
Que l’acharnement de l’homme sur sa créature infernale
le cœur du monde contre nos tempes
Son battement haletant
Pouls d’une saison de plomb et de marbre
Le cuivre, l’antimoine, la fusion du métal
Dans l'antre où la machine ravale ses sanglots
Et déjà repart poussive et obstinée
Crachant ses cuivres dans la plainte des turbines
Pour que les mots s’alignent.
 
Forge de fiction ou d’illusion, c'était selon
L’effroyable tintamarre sonnait comme un gage de liberté
Promesse d’hypermnésie pour l’homme à venir
Dans le vacarme du monde, une garantie
La confession et le tourment en cicero ou garamond
Le savoir en italique et pour finir
Le silence des mots, l’ivresse du lecteur
Au point que je ne sais plus
si les sentiments dont je parle m'appartiennent
ou s'ils viennent d’un autre que j’ai lu.
 
Poème du jour...

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L'ange noir, poème

3 Janvier 2023, 15:55pm

Publié par Sybille de Bollardière

Lucifer par Gustave Doré

Si je n’étais monté si haut, je n’aurais rien perçu de ma chute
Il y eut un temps rayonnant de lumière
Puis le lent glissement amorcé jusqu’aux vertigineux abymes
Le grand plongeon des nuits où, je croisai ébloui
D'autres qui n’avaient d’yeux que pour le sommet
Ce que je n’avais vu en m’élevant, je le découvris dans ma disgrâce
Le cœur du monde battant contre mes tempes
Des saisons de plomb et de famine
Pourtant
Il y a une grande douceur à tout perdre et tout comprendre
L’étendue du désastre et les mots pour le nommer
Avant d’être obscur, le malheur nous aiguise comme un silex
Aimé, aimant, je me crus invincible, insensible au temps
Renouvelé dans mes certitudes jusque dans ma chute
Ce que je ne pouvais plus vivre, j’en amorçai l’écriture
 
« Je ne me courberai point, je ne demanderai point grâce d’un genou suppliant 
ce malheur est mon choix» [1]

[1] Le paradis perdu de John Milton

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