Jour de mer
Verticales de bleu, larmes sèches dans la gorge. Tout garder pour l’écriture. Sur le sable encore humide, l’enfoncement des talons. La passe vers la haute mer se devine à l’écume, sa lèvre blanche dessine le chenal. Plus près, sillage des bouées ou le damier des jours à venir. Pas une voile dans le vent glacé d’avril. C’est ici face à l’ouest qu’on attend. L’homme, l’enfant, le dernier soleil. Tout est là désormais, attente, promesse, mémoire, passions et désillusions. Tout ce qui les rassemble dans ce paysage et les englobe sans pour autant les effacer. Plage immense tamisée par des générations de vagues. Plage lavée, vidée, recrachée, étirée jusqu’à l’ouest finissant et l’ile déserte dans son isolement. Je ferme les yeux pour entendre de mémoire le sable crissant comme la neige et plus haut, luttant contre le vent, celle que j’étais quand je marchais pour l’attendre. Que tout est simple désormais.