L'Orange de Mars 13 - Le vieux garçon et la mer
De Savannah à Malcom
Objet: Re: Simultanée
Date: mercredi 26 mars 2003 01:00
Malcom,
Les chants joyeux que nous écoutions dans le triangle près de la rue Mouzaïa m'ont rappelé ceux de mon jardin. Je ne savais pas que c'était le chant des merles, vous me l'avez appris.
Merci pour le poème, il vous ressemble, ou plutôt il ressemble à cette partie de vous que m'offre votre écriture, l'autre, je l'avoue, demeure encore inconnue. Il est tard, l'heure des sincérités, alors je peux l'avouer, c'est un bienfait... Du genre rapide et expéditif, j'apprécie cet échange qui nous ménage mieux que je ne saurais le faire. Vous parliez de retenue, j'aborde la lenteur, 'contenue' c'est aussi inhabituel pour moi que cette manière de s'écrire, souvent et lentement. Comme les marées nous suivons une force lunaire qui nous ramène à l'écran de nos heures blanches.
Parfois, à vous relire, je surprends tout ce que nous n'avons pas relevé l'un de l'autre dans nos propos et je découvre ainsi, à retardement, ces bribes que je n'ai pas saisies, ces mots que je n'ai pas entendus. Et maintenant il faut dormir, alors je vous quitte jusqu'à demain qui est déjà là d'ailleurs
Savannah
De Malcom à Savannah
Objet: petit abus... très modéré
Date: jeudi 27 mars 2003 20:21
Oui au téléphone, vous m'avez nommé « vieux garçon », c'était lumineux. J'en garde un sourire entre deux papiers de soie, je le déballe à toute occasion pour mettre quelques bulles en bouche. Merci
Donc on ne se voit pas mercredi, donc pas jeudi, mais alors ? La question reste en suspens. Vendredi serait une solution. J'opte pour vendredi.
Nous devons absolument reparler de la mer. Elle n'existe pas. Nous devons très urgemment inventer une mer, lui trouver quelques rivages, lui faire un trousseau. Neptune est très exigeant sur le trousseau.
Je m'absorbe et vous ennuie, pardonnez ces abus de page caractérisé
Avez-vous remarqué la mollesse des marronniers, que le soleil irrigue enfin ces feuilles qui, pour l'heure, ne me disent rien. Nous partirons alors en quête des marronniers roses
Savannah, n'abusez pas de la nuit et prenez un rêve au passage. Je vous embrasse
Malcom
De Savannah à Malcom
Objet: Re: la vie en rose
Date: jeudi 27 mars 2003 23:00
Et en plus il faut que je vous invente une mer, mais je suis la mer ! Fâcheuse et obstinée, pointilleuse sur les horaires des marées, fidèle à ses rochers, aventureuse les soirs de pleine lune, maternelle pour le doux rêveur, accueillante aussi, parfois, dans le noir absolu des nuits d'été, à la mi-temps de la nuit quand certains, plus fous que d'autres, viennent se baptiser à mes vagues d'encre pour une improbable survie. Je suis la mer pour être ni d'ici ni d'ailleurs et guetter les adieux de chaque rivage comme une promesse d'un retour. Bien sur il y a les combats, ces assauts de fortune où je n'ai comme compagnon que l'éclat blanc des phares en dérive et la plainte des bouées. Je suis la mer au cœur naufrageur qui guette ses victimes dans le tumulte des passes et les abat pour la beauté du geste ; car je ne garde rien que l'enchevêtrement des algues et les rêves de sable. Passagers éphémères ou débris d'illusions, tous s'en retournent à la côte, fossiles de leurs propres mirages.
J'arrête tout de suite mon délire Malcom, et pardonnez-moi cet excès maritime. Je vais être très raisonnable et nous chercher une modeste rivière à quelques encablures de ma Clio, que dis-je, un ruisseau, puisque c'est pour le chant de l'eau que nous serons là, hébétés devant la nappe à carreaux, à guetter les mouches ou les guêpes, de celles qui s'invitent avec insistance pour que l'on range les mets et que l'on aborde les propos
Demain la Haute Bretagne, ses champs détrempés, son vent à décorner les bœufs et ses hameaux de famine. Bien sûr je guetterai vos nouvelles puisque je ne vais nulle part sans ma 'technologie' et mes oreilles aussi, pour vous entendre si le cœur vous en dit.
Bonne nuit Malcom, je vous embrasse.
Savannah