L'ancienne région messapienne, le port d'Egnazia tel qu'il était et aujourd'hui et traces des anciens villages près de San Vito
Egnazia, (ou Gnatia en italien) des ruines face à l'Adriatique dans la fournaise de midi. Les couleurs sont crues, violentes. La mer d'un bleu intense, l'écume des vagues se brisant sur les rochers d'un brun profond, le tout sous un soleil carnassier. Egnazia ou trente siècles d'histoire depuis le XVI avant J.C. Jusqu'au moyen âge. Nous visitons le musée archéologique consacré au lieu qui regroupe dans plusieurs salles les trésors des différentes époques : préhistorique, messapienne, romaine (235 après JC. fin de l'époque messapienne), médiévale, recueillis lors des fouilles. Un remarquable travail de présentation dans un très beau cadre. Non loin du musée, une ancienne nécropole, l'étonnante cité romaine et sa voie Trajan. L'habitat protohistorique d'Egnazia occupe une petite péninsule d'environ 3 hectares, elle constitue la partie la plus avancée en mer de ce qui sera par la suite messapien, romain et médiéval (habitat qui recouvrait également une partie du plateau et des collines) tout au long de la côte, des rochers et des sites naturels portent la marque des villages de l'antiquité.Pour info : La langue messapienneJournal d'ItalieLes Pouilles 2019
La via Trajan, la cité et les thermes romains à Egnazia
Comme hier et avant hier, pas un nuage, un coin de ciel bleu quand je lèvre la terre en direction de la rue. L'adresse des jours actuels : 16 via Rimini. 8H30 du matin, c'est l'heure où les voisins s'interpellent d'un balcon à l'autre pour commencer la journée. Les draps pendent aux fenêtres, secs depuis longtemps tout comme les serviettes de plage ou la lessive du jour. En fait ils fleurissent la rue de leurs motifs multicolores mieux que ne le feraient de banals pétunias.Se promener de bonne heure dans la rue adjacente comme je l'ai fait hier me donne l'impression de faire une intrusion dans le domaine privé des habitants. Ici, comme probablement dans une grande partie du sud de l'Europe, les vieux, malades ou carrément « sur la fin », sont de sortie, installés dans la rue « à la fraîche ». On ne peut passer au milieu d'eux, même en les saluant, sans avoir la désagréable impression d'atteindre à leur dignité. Les corps blessés, usés, décharnés ont été un jour beaux et triomphants dans la lumière de ces étés de l'après guerre qui n'existent plus que dans leurs souvenirs.D'habitude pour le journal, j'écris directement sur mon cahier et je m'en tiens là mais, depuis que j'ai décidé de publier le journal d'Italie, il m'arrive d'écrire directement sur le clavier et le ton en est changé. Ça devient un « journal à lire » avec les habituelles censures. Parler de ce qu'on fait, de ce qu'on voit, pas trop de ses états d'âme et surtout pas de ce qui ne va pas. Pour ça il faut le recul du temps... Des années parfois...Quelque chose a changé depuis que je suis arrivée dans les Pouilles, une ombre me quitte, s'éloigne. Dorénavant elle me suit à quelques pas, jamais trop loin mais c'est important cette distance, je la reconnais c'est celle de la possible écriture.Journal d'ItalieLes Pouilles 2019
14 septembre Torre Canne9h du matin dans la lumière de l'est sur la plage de Torre Canne. Je n'ai pas été aussi matinale depuis longtemps, la dernière fois remonte probablement à l'époque où mes enfants, impatients de se baigner me poussaient littéralement dehors quelque fut le temps. Nous nous retrouvions devant notre mythique plage bretonne en pull et maillot de bain devant la grève déserte, frigorifiés mais heureux.Ici la plage est déjà bien garnie et ce n'est pas fini. Samedi oblige, tout le monde arrive avec sièges, lits de plage, glacières et parasol pour marquer son territoire et attendre le reste de la famille. Il y a bien quelques nuages mais ils se tiennent sur les hauteurs de l'arrière pays entre Ostuni et Cisterno. Dans quelques heures les cercles se fermeront, des familles entières, à la plage comme au salon ou au jardin, devisant ou jouant aux cartes entourés d'enfants halés et libres, sans chapeau, ni crème, ni lunettes de soleil. Ce mode de vie me rappelle celui que j'ai toujours connu et dont ma grand-mère, d'origine méditerranéenne, était une des grandes prêtresse. La plage dans un « entre soi » surveillé, avec les amis de toujours connus sur cette même plage bretonne depuis les années 1910... Ma plage bretonne a changé, une génération est partie et la suivante, celle de ma mère morte il y a quelques mois est sur le départ. Les tentes rayées ont été remplacés par des dériveurs puis par des catamarans. La plage se pratique de plus en plus en solo.Ici à Torre canne, après dix jours de voyage, je me sens comme installée dans le déplacement, le provisoire. Sans télévision, sans journaux et avec peu ou pas d'internet j'ai délaissé « la rentrée française » politique ou littéraire pour la lecture, mon pain quotidien sur ces plages de l'Adriatique.Je note ce que je voudrais voir ou revoir : la magnifique via Romana jusqu'à Fasano, ses champs d'oliviers bordés de cyprès, les ruines d'Egnazia l'ancienne cité grecque. Tout ici rappelle cette Grèce que je ne connais pas : la blancheur, les oliviers et aux dires de certains l'extrême gentillesse des habitants.La mer monte, le coefficient n'est pas important certes, mais il existe. Des bahines se forment des vagues carrées à gauche de la plage mais tout cela ne perturbe en rien les rares nageurs, l'activité est ailleurs. Sur la plage, trois vendeurs ambulants avec leurs chariots garnis de robes, tuniques et maillots de bain et c'est l'effervescence, un incroyable chahut qui ne paraît déranger personne. Ici qui s'offusquerait de la présence des chiens, d'une radio un peu trop forte ou des cris des enfants ? La vie de la spiaggia de Torre Canne domine le son du ressac et le souffle du vent qui lui, continue de soulever la mer au delà du port.Journal d'ItalieLes Pouilles 2019