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Sybille de Bollardière

sieds van strobos

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l'âme de mon âme

2 Janvier 2020, 10:03am

Publié par Sybille de Bollardière

L'âme de mon âme, huile sur toile - Sieds van Strobos 12 octobre 1953 - 1 novembre 2019

L'âme de mon âme, huile sur toile - Sieds van Strobos 12 octobre 1953 - 1 novembre 2019

L’âme de mon âme
j’aurais dû l’entendre
j’aurais dû l’écouter
Mais j’ai suivi
ce qui m’en détournait
loin, très loin, trop loin
 
J’ai tout perdu
pensais-je.
C’était oublier cette âme
qui soudain jaillit de nulle part
libre comme l’oiseau
pour s’unir à moi.
 
Elles se reconnurent
Plus rien ne s’opposait
A l’union du moi originel
Et de l’homme
Que je suis devenu
 
J’étais enfin moi-même
 
Sieds van Strobos, Poème 2016
 
*     *     *

Tout à coup, je sentis qu'une étoile à ma recherche touchait mon cœur. C’était comme si l’âme de mon âme venait à moi. J’avais toujours nié son existence mais au moment où je me sentais abandonné de tous, elle vint vers moi.

Elle m’apporta la sérénité. Je me sentais calme et en paix avec ce qui m’entourait. Pour la première fois de ma vie, au plus profond de moi, je n’étais plus seul.

Tout ce que j’avais poursuivi et obtenu dans ma vie, ce que j’avais désiré, souhaité, je l’ai perdu ce jour-là. Mais c’est aussi en cette journée que j’ai trouvé ce que j’avais profondément attendu et cherché depuis mes premiers pas.

Tout ce qui m’a été pris ce jour-là m’a été redonné par la suite sauf celui que j’avais été avant. Celui- là a disparu et avec lui, le nuage qui obscurcissait mon ciel depuis toujours. Cette journée réalisa une sorte de fusion entre mon corps et ma psyché qui libéra une formidable énergie de vie.

Sieds Van Strobos, "Crépuscule", extrait du livre de nouvelles :

Le Vase noir, La Passagère 2017

Sieds van Strobos Galerie - Sieds van Strobos  Biographie

Tag(s) : #Si-eds van Strobos#Sieds Walsweer#le vase noir

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Une année intime

31 Décembre 2019, 07:45am

Publié par Sybille de Bollardière

Dernier matin de l'année, les vagues claquent sous le givre bleu du ciel. 2019, une année dont j'ai particulièrement aimé écrire les chiffres en haut de chaque page de mon journal avec la boucle du neuf comme pour en pour fermer la parenthèse.

Une année intime commencée ici sans pouvoir me souvenir avec précision de la chambre où nous avons dormi cette nuit là. C'était ici, en Bretagne, à Saint Lunaire ou à Dinard et le ciel dans mes souvenirs est aussi beau qu'il l'est depuis quelques jours. Une année de lumière et d'éclat qui commence par le sourire d'Adèle et se poursuit par ces moments que je revisite en images avant de les quitter pour recommencer à écrire, à aligner les mots d'un monde extérieur et ceux d'un livre qui m'attend.

Tout reprendre, remonter le temps depuis la lumière rose de janvier sur les façades de Bruges jusqu'à cette fin d'année qui me retrouve ici, enfermée dans cette chambre avec vue sur cour où je me suis installée pour écrire cette dernière page de l'année. Janvier 2019, la route vers le nord et cette petite maison de bois qui nous attend au sud de Groningen. Nous sommes devenus nomades avec ou sans caravane, nous aimons cet état d'errance qui nous délivre de l'habitude. Ecrire au fil des chambres sur des coins de tables, s'installer pour quelques jours comme si on devait rester dans chaque escale, est devenu notre style de vie.

Le Nord toujours, avec le bleu en ce matin d'hiver sur la digue de Zurich. Au delà de ce mur, c'est la mer de Wadden et les îles de la Frise. C'est en Janvier aussi que nous sommes allés au cimetière de Woudsend, il faisait froid, je me souviens du vent pénétrant, nous avons vérifié la tombe familiale au bras de sa tante. Est-ce que je pressentais qu'il y serait inhumé quelques mois plus tard en prenant ce cliché ? Non, nous aimions venir là. Le lieu est étrange et fascinant, planté dans cette plaine frisonne qui ne finit qu'à la mer, invisible derrière la digue.

Et puis la petite maison des bois nous a accueilli au cœur de la forêt de Zuidlaren pour quelques jours d'écriture au coin du poêle. Plus tard, au retour dans le Perche, la neige nous attendait dans le jardin...

Février et de nouveau Paris, le musée du quai Branly, les Buttes Chaumont et le bleu de la Seine. Mais 2019 n'est pas une année ordinaire et après une mauvaise nouvelle je reprends à nouveau la route.

Arcachon, les premiers jours de mars face au Banc d'Arguin avant d'enterrer celui dont j'ai partagé la vie pendant dix ans. Il fait presque chaud sur la terrasse de cette hôtel où je photographie le coeur serré, mes fils face à l'océan quelques heures avant la cérémonie. 

Quinze jours plus tard nous repartons ensemble vers l'ouest, la Bretagne cette fois. Ma mère vient de mourir. Elle devait fêter ses 90 ans la semaine suivante mais les enfants la fêterons sur la plage, tout à la joie de se retrouver. Je reprends mon souffle, me dis que les moments durs sont passés qu'il est temps de profiter de la vie.

Je rassemble des photos, fais des albums des disparus et revisite derrière eux un temps oublié. J'ai perdu ma mère après mes trois frères et mon père et le stage d'écriture qui m'attend à mon retour dans le Perche - il n'y a pas de hasard - s'intitule "Ecrire la vie". Ecrire la vie, c'est aussi ce que je décide de faire en entamant l'écriture de mon nouveau livre.

Ecrire la vie avec lui, en continuant de partager nos voyages, nos textes et les événements qui se succèdent dans cette année folle et lumineuse. Parution du livre collectif de l'atelier "Les chiens ne font pas des chats" que nous fêtons dans son atelier - galerie de Soligny,  devant ses tableaux. 

Il fait souvent beau cette année. Le Perche, Paris, la côte normande... Les fêtes familiales se succèdent et donnent parfois lieu à de nouvelles escapades. Les séances photos se suivent au fil des mois. L'écriture se replie sur les carnets, l’intime a tout envahi.

L'intime est gai, brûlant, douloureux et bleu comme cet été qui commence en mai et ne s'offre un répit que dans le Cotentin, le seul endroit de France où il fait relativement frais cet été. C'est le lieu que j'ai choisi pour les ateliers d'écriture sur la mer. Et dans cette douceur exceptionnelle, les soirées n'en finissent pas, l'horizon lui-même se dissout dans le bleu du soir.

 

Dans les jardins du Perche comme en Bretagne, où ne ne sommes plus que de passage, les tables sont dressées pour une saison qui semble ne jamais devoir finir alors, pour épouser le rythme cet été 2019, nous décidons de partir pour le sud, l'Italie et les Pouilles en septembre. 

C'est là que faute d'écrire mon livre qui fait semblant de m'attendre, je rédige le journal d'Italie, les Pouilles de 1 à 13. Quinze jours de soleil, de mer de balades et de selfies. C'est si peu notre style que j'aurais dû m'en étonner mais non, sous les orages de Lecce ou le soleil de Polignano, nous sourions, nous nous réjouissons. Et si nous nous installions en Italie ? Nous avons le temps, tout le temps, l'hiver pour écrire et personne n'attend nos livres.

Au retour des Pouilles, l'été se poursuit par une saison particulière et l'on se dit qu'en novembre au plus tard, nous aurons enfin cet automne à la bienfaisante douceur pour écrire. L'atelier a repris et je travaille enfin à mon livre en guettant les premières pluies. Mais la Toussaint m'appelle en Bretagne où entre mère et mer j'ai laissé mes racines et le sourire d'Adèle et de ses soeurs. Là encore, c'est le bleu qui m'attend, une lumière exceptionnelle que je photographie sidérée, un peu mal à l'aise et inquiète au fond comme nous tous devant ce dérèglement qui n'annonce rien de bon.

Mais le mal vient d'ailleurs. Une très mauvaise nouvelle le 23 octobre, il ne sera pas au train de mercredi gare du Nord. Je reprends la route vers les Pays-Bas, mais seule cette fois et la ville que je vais découvrir sous ce bleu devenu insupportable est une ville inconnue, imprononçable, Zwolle avec un Z comme un terminus.

Une ville étoile entourée de canaux, une ville hôpital cernée d'autoroutes et de forêts où je m'installe pour attendre l'insupportable. Une autre maison des bois, toujours le même cahier numéro 84 pour mon journal et cette manie de photographie jusqu'à l'insoutenable. Le  1er novembre, photographier et écrire avec la vie et le soleil en suspens puis confisqués définitivement, internés là haut, en Frise dans le cimetière au milieu de la plaine immense. Le vide sous la pluie battante. 7 novembre, C'est fini. 

Ecrire, non pas mon livre mais ceux des autres, travailler pour les ateliers, s’atteler à la moindre charrue pour ne plus sentir la douleur et le vide sidéral de l'absence. Oui, le travail et aussi continuer comme si de rien n'était, mais en silence. Et puis les amis, les enfants, la vie tout simplement. Si l'intime a définitivement rempli mon année, j'en ai presque honte. Que s'est-il vraiment passé pendant tout ce temps ?  Quels livres ? Quels événements ? 

Je reviens de si loin ... et suis-je vraiment revenue ?

Valérie, une amie m'écrit ce matin :" Putain d'année je me suis réveillée en me demandant si 2019 était un nombre premier. En réalité, c'est le produit de deux nombres premiers : 673 et 3. Comme j'associe la dureté de l'année à son impossibilité d'être divisée ou encore partagée, je peux considérer 2019 comme une année relativement pénible. Demain commence 2020. Et ce nombre est divisible par 2,4,5, 10, 20 et sans doute par d'autres multiplicateurs réels ou imaginaires. 2020
bénéficie aussi du fait d'être paire et bissextile. Elle offre donc de nombreuses possibilités autres que mathématiques."

En ce dernier jour de décembre le besoin d'écrire cette page intime et de la partager. J'ai  choisi les vivants et la peine, appris à vivre avec elle, à m'envelopper de sa douceur. Je la garde et j'y tiens autant que j'aime la vie. Ma peine veille sur moi comme je veille sur elle, sur lui, jalousement. Demain 2020 que je souhaite excellente à tous.

 Adèle 1 an maintenant, a commencé à écrire...

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Les Pouilles 11 la côte près de Monopoli

14 Septembre 2019, 15:23pm

Publié par Sybille de Bollardière

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Entre Cozze et San Vito
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Les Pouilles 12, Spiaggia et plage

14 Septembre 2019, 15:12pm

Publié par Sybille de Bollardière

La spiagga de Torre Canne au fil des heures
La spiagga de Torre Canne au fil des heuresLa spiagga de Torre Canne au fil des heures
La spiagga de Torre Canne au fil des heuresLa spiagga de Torre Canne au fil des heuresLa spiagga de Torre Canne au fil des heures

La spiagga de Torre Canne au fil des heures

14 septembre Torre Canne
9h du matin dans la lumière de l'est sur la plage de Torre Canne. Je n'ai pas été aussi matinale depuis longtemps, la dernière fois remonte probablement à l'époque où mes enfants, impatients de se baigner me poussaient littéralement dehors quelque fut le temps. Nous nous retrouvions devant notre mythique plage bretonne en pull et maillot de bain devant la grève déserte, frigorifiés mais heureux.
Ici la plage est déjà bien garnie et ce n'est pas fini. Samedi oblige, tout le monde arrive avec sièges, lits de plage, glacières et parasol pour marquer son territoire et attendre le reste de la famille. Il y a bien quelques nuages mais ils se tiennent sur les hauteurs de l'arrière pays entre Ostuni et Cisterno. Dans quelques heures les cercles se fermeront, des familles entières, à la plage comme au salon ou au jardin, devisant ou jouant aux cartes entourés d'enfants halés et libres, sans chapeau, ni crème, ni lunettes de soleil. Ce mode de vie me rappelle celui que j'ai toujours connu et dont ma grand-mère, d'origine méditerranéenne, était une des grandes prêtresse. La plage dans un « entre soi » surveillé, avec les amis de toujours connus sur cette même plage bretonne depuis les années 1910... Ma plage bretonne a changé, une génération est partie et la suivante, celle de ma mère morte il y a quelques mois est sur le départ. Les tentes rayées ont été remplacés par des dériveurs puis par des catamarans. La plage se pratique de plus en plus en solo.
Ici à Torre canne, après dix jours de voyage, je me sens comme installée dans le déplacement, le provisoire. Sans télévision, sans journaux et avec peu ou pas d'internet j'ai délaissé « la rentrée française » politique ou littéraire pour la lecture, mon pain quotidien sur ces plages de l'Adriatique.
Je note ce que je voudrais voir ou revoir : la magnifique via Romana jusqu'à Fasano, ses champs d'oliviers bordés de cyprès, les ruines d'Egnazia l'ancienne cité grecque. Tout ici rappelle cette Grèce que je ne connais pas : la blancheur, les oliviers et aux dires de certains l'extrême gentillesse des habitants.
La mer monte, le coefficient n'est pas important certes, mais il existe. Des bahines se forment des vagues carrées à gauche de la plage mais tout cela ne perturbe en rien les rares nageurs, l'activité est ailleurs. Sur la plage, trois vendeurs ambulants avec leurs chariots garnis de robes, tuniques et maillots de bain et c'est l'effervescence, un incroyable chahut qui ne paraît déranger personne. Ici qui s'offusquerait de la présence des chiens, d'une radio un peu trop forte ou des cris des enfants ? La vie de la spiaggia de Torre Canne domine le son du ressac et le souffle du vent qui lui, continue de soulever la mer au delà du port.
 
Journal d'Italie
Les Pouilles 2019
L'ancienne voie romaine près de Fasano
L'ancienne voie romaine près de Fasano
L'ancienne voie romaine près de Fasano

L'ancienne voie romaine près de Fasano

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