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Sybille de Bollardière

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Encore quelque chose à oublier

11 Septembre 2017, 16:05pm

Publié par Sybille de Bollardière

En caravane

Un mois chaud avec des vents de terre et des voiles grand largue vers les îles. J’énumère les écueils et soudain c’est la voix des nuits de Norroy que j’entends quand enfant, et dormant dans sa chambre, elle ouvrait la fenêtre pour me faire aimer les nuits d’été. Le Haumet, Les Jardins, La Conchée… Ici, il y a toujours une saison qui m’attend jusqu’à celle, ultime, dont j’ignore le nom.

Sur la route de la Liberté, remonter le Cotentin en caravane sous le moutonnement du ciel. Suite de villages où les piétons traversent sans un regard, comme impatients de mourir dans leur bon droit.

Barfleur, vent de Surroy. La houle est lourde, épaisse quand elle se brise sur les rochers. Un temps à maquereaux ! Sur le port, les pêcheurs nettoient leurs filets dans la lumière de l’est. Certains vendent leur pêche : coquilles saint Jacques à 5 euros le kilo, aile de raie, maquereaux… Oui ils sont bien là.

Escale de granit à Vitré. Solitude intérieure face à la douceur d’une nuit à l’ombre des arbres. Insomnie sous l’opacité du ciel. Non loin, un chien veille gueule ouverte sur mes peurs et le ciel qui bleuit. Immobile, je le regarde. Cinq heures, la conscience vacille dans le froissement des draps. La voici enfin l’ataraxie du sage, Tout à l’heure est un autre jour et nous repartons plus loin.

En bateau

Dinan. L’entaille de la ville dans le vert des forêts, un matin frais et silencieux et soudain la brume et l’effacement des rives. Plus loin, ciel bleu sous un lavis de nuages, fleurs ouvrières au fil de l’eau, soulevées par la vague qui nous porte. Et enfin l’ombre noire de la rive. Sous la discrétion d’un saule, le bouillonnement d’un égout.

Manche océan. Sous la garde d’un cormoran, épave verte, les frondaisons se reflètent sur la moire des eaux. Au sud, des murets de pierres roses surmontées de grilles où la valériane épouse le lierre. Quelques pins se détachent sur le ciel, un épicéa et puis là, ce palmier qui annonce un jardin. Plus bas, maison de pierre à fenêtres étroites. Une longue haie de buis  longe le canal, croisant cette voie romaine qui se perd sous les arbres. Le bateau remonte vers le nord entre l’envasement et ma mauvaise humeur. Guettant la brise du large et la prochaine écluse, je rêve de haute mer et de silence. 

Terschelling, Waddenzee, îles de la Frise. L’immensité. Sous le ciel anthracite, la mer rugissante, invisible derrière l’écran des dunes. Sur la grève au sable incroyablement doux, des débris de tourbe et des éclats de bois fossiles des anciennes forêts. Elles sont au loin, sous la mer, bien au-delà des îles.

En train

Au Pays-Bas, entre Groningen et Zwolle, toutes fenêtres fermées, climatisation oblige. J’imagine l’odeur des champs à perte de vue : blé court, avoine, orge, pomme de terre et quelques rares pâturages. Ni oies ni cigognes comme à Zuidlaren, le chemin de fer traverse un paysage monotone partagé entre les cultures, les futaies de saules et de sureaux. Dans la fuite du paysage, je cherche un étang, un fleuve. Toujours en attente de l’eau, je ne voyage que pour l’apercevoir, m’en approcher, la toucher enfin.

Ou peut-être ai-je encore quelque chose à oublier ?

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Retour des îles

1 Juillet 2017, 20:46pm

Publié par Sybille de Bollardière

Après la pluie et les îles, le miroitement de l'eau au soleil couchant. D'autres nuages arrivent par le nord et le vent couche les roseaux qui bordent le canal. Si peu de juillet aujourd'hui... Au loin l'horizon ponctué par une haie de tilleuls et devant moi, des fleurs séchées et le paysage intérieur du maître des lieux. Lui aussi est ici sans être tout à fait là comme en témoigne le soin amoureux accordé à chaque objet et ces cartes punaisées au mur où s'affiche son ailleurs... La Baltique, les côtes norvégiennes et le semis des lacs de Finlande. Il aime au grand nord une femme aux cheveux sombres sur de larges épaules qui me regarde du haut de son portrait. 

Je repense à Terschelling, aux heures de bicyclette dans le chaos dunaire. Qu'emporterai-je avec moi de ces jours ici ? Pas les forêts silencieuses que l'on trouve sur le continent ni ces dunes fumantes sous le soleil gris non, simplement ce chemin interrompu que j'ai suivi des yeux vers l'est avant qu'il ne se perde lui aussi. J'emporterai tout ce que je n'ai pas vu, ce dont j'ai rêvé et qui reste intact, inviolé au bout de cette piste de sable qu'épuisée, j'ai renoncé à prendre.

Certes, j'ai aimé ces étendues sauvages et leurs crêtes de sable, le tapis de fleurs mauves, mais plus encore peut-être, la Terschelling dont j'avais rêvée, cette Solitude Island que pour l'avoir trop dessinée, je n'ai pas reconnue. Ce qui me manque finalement, c'est ce que je ne connais pas encore.

Retour des îles
Retour des îlesRetour des îlesRetour des îles

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Jaune

6 Juin 2017, 18:05pm

Publié par Sybille de Bollardière

Comme un cœur dissimulé dans le silence, épicentre floral ou soleil intérieur, mon jaune est doux comme le mimosas sous le gel de février, amer comme le fiel des mots de mai perdus, oubliés, jamais dits, usés jusqu'à la corde.

Juin, déjà. C'était sa couleur... j'ai eu il y a longtemps, une mère jaune à peau brune qui jouait dans la lumière des étés renouvelés. Pour elle la couleur se faisait parure d'un temps immobile quelle que fut la saison. jaune d'hiver quand elle brodait à la lueur des lampes plus tard d'or sur ma peau, serpentant sur l'avant-bras, en chaînes, anneaux, pour ne pas oublier. Une couleur à moissonner l'été, à suivre sur les grèves dans le désert de midi et jusque dans l'iris de certains serpents. Citrine, topaze et diamant jaune comme le grand fleuve de Chine aux eaux troubles et tous les papillons dont je ne sais pas le nom. Le jaune est ma couleur, mon rire parfois comme si la teinte s’acidifiait avec le temps alors que je me souviens encore de la lumineuse douceur des fleurs de Wordsworth...

I wandere'd lonely as a cloud
That floats on high o'er vales and hills,
When all at once I saw a crowd,
A host, of golden daffodils;
 

Et maintenant demain est jaune comme un ciel d'orage, immense et inconnu telle cette route qui invite au départ...

 

 

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Jour de Pâques face à la mer ou pas...

18 Avril 2017, 14:33pm

Publié par Sybille de Bollardière

Les lumières de Barfleur
Les lumières de BarfleurLes lumières de BarfleurLes lumières de Barfleur
Les lumières de BarfleurLes lumières de Barfleur

Les lumières de Barfleur

Voici l'autre visage de Barfleur : Ils appellent ça la liberté... Ils se sont installés au seul endroit où on les accepte gratuitement... Face à la digue, véritable mur de béton pour protéger la ville des tempêtes. Venus des pays de Loire, de la Somme, souvent de Saint Lo ou de Caen... Ils sont là dans leurs camping car dernier modèle dont ils ne sortent que pour faire quelques pas... Jamais loin de leur antenne satellite.

En les regardant je pense à la cabane de Marcel à quelques kilomètres de là, seule face à la mer...

Vue de la cabane de Marcel...

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