Soirée de Lancement du livre "Le dernier voyage du Lancastria" par l'Alduna, collectif de l'atelier de la Passagère le samedi 28 octobre 2017 Galerie Rouges en verts à Soligny la Trappe
Les lectures d'extrait du livre "le dernier voyage du Lancastria"
Le spectacle d'Alyse Pilloix
Alyse Pilloix
Delfshaven, un quartier miraculeusement préservé avec ses anciennes maisons, ses ruelles et un canal pour le reflet du pâle soleil du jour. Contrairement à l'ensemble de la ville presque entièrement détruite par les bombes allemandes durant la dernière guerre, Delfshaven a échappé à la destruction. Refuge romantique plus ou moins désert en semaine, il contraste avec la Rotterdam branchée qui se projette dans l'avenir des Pays-Bas avec une population à soixante pour cent d'origine étrangère. Turquie, Maroc, Caraïbes, Surinam, Chine, Europe de l'Est... 103 nationalités se partage les quartiers de la plus grande ville du pays.
J'aime Rotterdam sous tous ses aspects ; Delfashaven et l'inévitable nostalgie qui l'accompagne, en font partie.
Après la pluie et les îles, le miroitement de l'eau au soleil couchant. D'autres nuages arrivent par le nord et le vent couche les roseaux qui bordent le canal. Si peu de juillet aujourd'hui... Au loin l'horizon ponctué par une haie de tilleuls et devant moi, des fleurs séchées et le paysage intérieur du maître des lieux. Lui aussi est ici sans être tout à fait là comme en témoigne le soin amoureux accordé à chaque objet et ces cartes punaisées au mur où s'affiche son ailleurs... La Baltique, les côtes norvégiennes et le semis des lacs de Finlande. Il aime au grand nord une femme aux cheveux sombres sur de larges épaules qui me regarde du haut de son portrait.
Je repense à Terschelling, aux heures de bicyclette dans le chaos dunaire. Qu'emporterai-je avec moi de ces jours ici ? Pas les forêts silencieuses que l'on trouve sur le continent ni ces dunes fumantes sous le soleil gris non, simplement ce chemin interrompu que j'ai suivi des yeux vers l'est avant qu'il ne se perde lui aussi. J'emporterai tout ce que je n'ai pas vu, ce dont j'ai rêvé et qui reste intact, inviolé au bout de cette piste de sable qu'épuisée, j'ai renoncé à prendre.
Certes, j'ai aimé ces étendues sauvages et leurs crêtes de sable, le tapis de fleurs mauves, mais plus encore peut-être, la Terschelling dont j'avais rêvée, cette Solitude Island que pour l'avoir trop dessinée, je n'ai pas reconnue. Ce qui me manque finalement, c'est ce que je ne connais pas encore.
Voici l'autre visage de Barfleur : Ils appellent ça la liberté... Ils se sont installés au seul endroit où on les accepte gratuitement... Face à la digue, véritable mur de béton pour protéger la ville des tempêtes. Venus des pays de Loire, de la Somme, souvent de Saint Lo ou de Caen... Ils sont là dans leurs camping car dernier modèle dont ils ne sortent que pour faire quelques pas... Jamais loin de leur antenne satellite.
En les regardant je pense à la cabane de Marcel à quelques kilomètres de là, seule face à la mer...