La part inscrite
Exil
Maintenant que je renais à d’autres ignorances
Toi ma terre d’exil qui m’offrit le silence
Je n’écrirai rien dans ta chair
Qui ne puisse s’effacer
Je retournerai parmi les pierres
Poussière des fleuves, alliée du vent.
J’aimais ta moisson d’herbe et d’orages
L’entraille des pluies, mon amnésie
L’ornement des songes et la lessive des nuits
Mais comment échapper à la promesse d’errer ?
Comme le pollen des fleurs anémophiles
J’irai d’abeille en arbre
Jusqu’au pistil des forêts
Dans ces troncs renversés où boivent les fauves.
Les soleils rouges de la terre m’accompagnent
Les voici sur le pays des eaux
Traçant leur route au milieu des forêts.
L’étreinte des arbres sur les cimes
Donnera un nom au silence de la terre
Pour que du royaume des morts
A celui des vivants
O terre féconde
Prélèves la part inscrite.
Poèmes du Djoue
1993